Si j'étais un Espion... [Breakdown] (1967) de Bertrand Blier
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A notre tour de rendre un petit hommage au gars Blier qui avait bien du mal à survivre (cinématographiquement) dans cette ère #Metoo (d'où l'expression d'ailleurs vite vu, Metoo-blier... Si Libé s'est fendu de quelques lignes, tout de même, Le Monde, notamment, semble avoir très rapidement mis le gars aux oubliettes). L'époque est dure pour les gauloiseries et la misogynie, d'aucuns diront qu'il s'agit d'un juste retour des choses. Certes, mais le gars Blier, hein, sut aussi en son temps nous faire nous gondoler en particulier par ce sens inné de l'absurde et ce sens blieresque de la répartie. Un type qui a fait Buffet froid, Préparez vos Mouchoirs, Notre Histoire et Tenue de Soirée, mérite un minimum de respect, dit-il. Ceci dit, zéro trace d'humour dans ce premier long-métrage de fiction que la mort dudit Bertrand me fait découvrir (j'allais pas me taper non plus Convoi exceptionnel, faut pas pousser...). On est forcément tenté en découvrant cette première tentative fictionnelle d'essayer de trouver des traces de l’œuvre à venir : il est ainsi question ici d'un docteur (emploi que l'on retrouvera dans nombre de films du sieur, notamment au chevet de personnes déboussolées), d'une ou deux séquences qui pourraient "éventuellement" nous faire dire que (Blier rencontre un inconnu qui habite en face du patient qu'il est venu voir mais qui n'ouvre pas sa porte, puis une femme de passage qui s'évanouit sur le seuil du patient, puis arrive un nouveau voisin avec les clés de l'appartement du patient, et les quatre de se retrouver penchés devant cette porte mystérieusement fermée... un enchainement assez incongru en peu de temps qui sera une des marques de fabrique du cinéaste par la suite ; de même, on assiste ici à des séquences de filatures qui trouveront un écho dans dans sa filmo : ces multiples scènes d'un homme qui en suit un autre... souvent simplement parce qu'il n'a rien d'autre de mieux à faire) ; on pourrait enfin évoquer la présence du pater, l'incontournable Bernard et son faciès de chien battu comme de la crème. Cela reste un peu maigre.
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L'ambiance de ce polar de la fin des sixties demeure avant tout ultra anxiogène : un docteur lambda (Blier) se retrouve embarqué dans une sale histoire d'extorsion d'information et de chantage ; où se trouve ce client, Guérin, qui a demandé à Blier de procéder à des analyses de sang quelques jours auparavant ? Blier n'en sait foutre rien mais, après un interrogatoire en règle par d'étranges mafieux, il se retrouve avec Bruno Crémer en permanence sur le râble... Blier résiste à toute pression, puis moins lorsqu'il apprend que sa fille est surveillée par nos hommes ; alors oui, il est allé en Pologne en vacances, oui, il y a alors croisé... Mais merde, laissez-moi tranquille ! Notre homme semble se retrouver en plein cauchemar, en plein de parano (autre éventuelle thématique récurrente du cinéaste ? si on veut, oui). Très bavard, nourri de gros plans (tiens, Suzanne Flon - ah il fut donc bien un temps où elle ne fut pas si vieille, étrange...), Si j'étais un espion n'est pas vraiment passionnant, faute de rebondissements et d'action. La mise en scène est propre, carrée, indéniablement, mais il n'y a pas vraiment de plus-value par rapport à tout polar franchouillard moyen (la présence subreptice de Piéplu, la musique lancinante signée Gainsbourg ? Cela reste anecdotique), ce d'autant que ce thriller reste de bout en bout sérieux comme un pape (une ou deux réflexions un tantinet misogynes, déjà ? vous êtes dur, mais on ne peut rien vous cacher non plus...). Allons, gardons plutôt en tête les plus belles images produites par notre homme (Dewaere transportant religieusement des Ricard pour Serrault : ça sauve toute sa filmo...) et, puis oui, puisque vous me le demandez poliment, il aura bien son odyssée (même si certains films vus avant 2006, non revus depuis et donc non chroniqués sur ce blog risquent de rester ainsi longtemps...). Reste en pet d'esprit, camarade.
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