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18 janvier 2025

Prince of Broadway (2008) de Sean Baker

Ce n'est pas parce qu'Anora nous a laissés un tantinet sur notre faim, que l'on va pour autant abandonner totalement l'ami Sean Baker. On le retrouve ici à l'heure de ses premières œuvres (il s'agit ici de son troisième long) réalisées un peu à l'arrache, avec caméra portée brinquebalante, montage à la hache et improvisation de mise. Le résultat, pour peu que l'on ne soit pas sujet au mal de mer, est assez convainquant tant il parvient à nous faire croire à ces personnages constamment sur la corde raide : le héros, Lucky, œuvre comme rabatteur de clients pour un Libanais vendant (dans une arrière-boutique dissimulée) des produits de marque made in China. Lucky est zélé, le Libanais carré, ces deux immigrés récents sur le territoire ricain semblent aussi différents que possibles par leur caractère et leur façon de vivre mais l'appât du gain les rapproche ; une certaine connivence voire complicité (dues sans doute à cette capacité commune d'essayer coûte que coûte de se démerder en terrain hostile) finit même par émerger entre eux. Jusqu'à ce qu'une tuile tombe sur les épaules de Lucky : une ex débarque et lui confie manu militari un bébé pour, dit-elle, deux semaines... Lucky résiste mais se retrouve avec le gamin sur les bras en n'ayant même pas eu le temps de s'enquérir de son prénom... On va donc le suivre désormais dans ses galères entre ce petit boulot illégal à la sauvette, la prise en charge de ce gamin aux grands yeux chocolat (pas si chieur sauf quand il te tapisse ton mur avec sa propre merde : une scène si touchante que même Gols serait alors peut-être tenté par la paternité...), et ses histoires cahin-caha avec sa nouvelle copine quelque peu déroutée par l'arrivée soudaine (et pour combien de temps exactement ?) dudit bambin... D'autant qu'une autre question ne cesse de tarauder Lucky : est-il véritablement le père ?

Baker, avec son filmage tout en énergie et ce jeu d'un naturel confondant de l'ensemble de sa troupe (improvisation ne rimant pas forcément avec absence totale de cadre et de direction), nous fait croire à cette histoire de paternité forcée : les galères, forcément, s'accumulent (Lucky totalement paniqué dès qu'il s'agit de s'occuper du bambin ; le vol dont il est victime et qui le laisse sur la paille ; une mère aux abonnés absents et une copine de plus en plus saoulée par la situation ; la menace constante de l'arrivée des flics dans le magasin de son boss ; un boss de plus en plus nerveux car venant lui-même de se faire lourder par sa jeune Américaine délurée...) mais Lucky, touché quoiqu'il en dise par la présence déroutante de ce gamin, de s'interroger de plus en plus sur la suite à donner à ce petit "cadeau empoisonné" tombé du ciel ; seul un test ADN pourrait le renseigner et Lucky d'être de plus en plus tenté de franchir le pas... Baker, déjà assez fort à cette époque dans les scènes hystériques (les véritables affrontements entre nos deux mâles et leurs diverses donzelles), malgré ce découpage des scènes parfois lui-même un peu foutraque, réussit à nous toucher par cette relation étrange qui se tisse entre Lucky et son boss mais surtout entre Lucky et ce gamin tour à tour sage comme une image ou éructant comme un beau diable ; c'est un filmage qui n'est certes pas de tout repos mais on est pris dans cet incroyable tourbillon de vie de Broadway (côté commerce de bas étage) et ces relations humaines terriblement chaotiques. Une bonne pâte/patte, tout de même, ce Baker.

 

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