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19 janvier 2025

LIVRE : Monologue de la Louve de Gilles Leroy - 2024

Il est bon parfois de faire un petit tour dans l'Antiquité pour tenter d'affiner certaines de nos idées toutes faites... Le gars Leroy (mais si, il a eu le Goncourt il y a vingt ans... ben si) nous fait suivre les pas d'Hécube, l'une des reines troyennes au destin marqué par la tragédie, point seulement parce que, faite prisonnière, ses pas, justement, se firent eux-mêmes de plus en plus en pesant bien que se démultipliant (eh oui, elle se fit louve pour tenter d’échapper en partie à ses tortionnaires) mais surtout de par les multiples malheurs que connut une grande partie de sa progéniture. Quand on est mère d'Hector, de Troïlos, de Pâris ou de Cassandre (j'en passe une bonne dizaine...), il ne faut pas s'attendre à devoir passer sa vie à faire de la soupe... Suite à la petite boulette de Pâris (cet enlèvement d'Hélène, ne pouvait-il s'en passer ?), au siège de Troie (dix ans, c'est long), à ce perfide cheval en bois (la porte ouverte au massacre), ou encore à cette maudite peste (l'hygiène restant douteuse, globalement, à cette époque), il ne fallait pas s'attendre à une vie de repos, une vie toute entière consacrée au mariage et au bonheur de ses enfants, petits-enfants, etc. Non. Des massacres, il en pleuvra sur elle comme à Gravelotte, assistant souvent impuissante à la mise à mort cruelle des siens (était-on obligé de trainer Hector derrière un char pendant des heures ? fallait-on vraiment jeter ce bambin par dessus les murailles du fort juste pour montrer qu'il était dispensable ?...). Hécube, c'est une vie de pleurs, de souffrance, de combats... Leroy nous raconte la chose par le menu, simplement, didactiquement (sans nous perdre, en d'autres mots), ajoutant par-ci par-là des chœurs pour donner un peu d'ampleur à ce récit déjà ultra traumatique en soi. Ça se lit comme un jambon-beurre à l'ancienne (on est dans le bon goût et la sobriété - en terme d'érudition) mais cela nous permet également d'avoir une autre fenêtre de tir sur certains soi-disant glorieux personnages (Ulysse, tout comme ce fourbe d'Achille, tout comme ce lâche de Paris, étaient de fieffés raclures). On finit par hurler (de douleur) avec la louve (il faut tout de même se méfier d'Hécube qui te tranche un gosier en un coup de dents - sauvage, la louve), tout en pouvant par la suite briller en société (ou en classe) en narrant les mésaventures de cette famille beaucoup plus légendaire et infernale que les Tuche. Hécube, un parfait apéritif historique antique, un solide et titillant livre de Leroy sur une reine.

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