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16 janvier 2025

La Clepsydre (Sanatorium pod klepsydra) de Wojciech Has - 1973

On l'aime, notre Wojciech, sur ce blog, on ne peut pas dire. Mais il nous manquait encore à voir son œuvre la plus célèbre. Voici donc La Clepsydre, long et douloureux voyage dans les méandres du monde zarbi de Has, film d'une exigence redoutable, qui est à Un p'tit truc en plus ce que le roquefort est à la Ligue 1. Pour tout dire, je dois bien avouer que je me suis ardemment fait chier devant cet objet abstrait et d'un autre âge. Avant de me faire conspuer dans les commentaires, je vous préviens : il ne faudra pas compter sur moi pour vous faire une brillante critique d'un film certainement génial mais qui m'est passé à 30 kilomètres à côté. Tentons quand même d'en dégager quelques éléments : il s'agit d'une tentative poétique de décrire le cheminement d'un homme à travers le fatras de sa conscience, de la conscience collective, de l'Histoire, de ses fantasmes, de son passé, de sa psyché. En gros, un type débarque d'un train et arrive dans un sanatorium délabré et mystérieux. Là on lui apprend que le temps ne se déroule pas de la même façon ici qu'ailleurs. La preuve : il peut dialoguer avec son père, mort depuis longtemps, retourner à l'état de petit garçon le temps d'une rencontre avec sa mère, ou traverser les siècles en poussant juste une porte. Ce vertige temporel se double bientôt de quantités d'autres faits troublants, comme la rencontre avec son double. On comprend peu à peu que ce sanatorium a tout d'une chambre à rêves, où tout ce qui fait la vie du héros (et celle de Has, par la même occasion) se croise dans un joyeux bordel, sous une forme muséale aux décors impressionnants, une mythologie qui a à voir avec la cabalistique, le mysticisme, la poésie, le cinéma, la littérature, l'histoire etc.

Rien à dire : Has est plus que présent dans ce film, où il semble s'impliquer comme jamais. Très longs et complexes plans qui brassent les décors avec majesté, bric-à-brac insensé de choses, de personnages, de vestiges ou d'objets, correspondances audacieuses entre les motifs, plans opératiques à la musique ample, humour tout à fait européen de l'est, subtile mise en abîme entre fiction et réalité, puissance du fond... Non, vraiment c'est du bon boulot, et l’œil est plus que rassasié par ce cinéma qui prend son public au sérieux. On songe à tous ces cinéastes-démiurges, les Angelopoulos, les Wenders, qui ont les moyens de leurs ambitions et qui ne se privent de rien. Le projet d'adapter des nouvelles de l'auteur (pas simple) Bruno Schulz ne manque pas d'audace, et le film est réussi dans sa volonté de donner une représentation à la poésie et  à l'abstraction. Mais on s'ennuie plus que de raison devant ces délires oniriques qui échappent à notre raison. On sent bien que tout ça doit avoir à faire avec une allégorie de quelque chose, mais de quoi donc ? Trop symbolique sûrement, le film nous perd dans ses références, et si vous n'êtes pas au jus des représentations cabalistiques  de la Galicie des années 30, vous risquez d'être aussi paumés que moi.

 

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