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25 janvier 2025

Jean de Florette / Manon des Sources (1986) de Claude Berri

Ah ces bonnes vieilles résurgences du cinéma français dit de "qualité" avec adaptation littéraire de "Grands Auteurs" (sacré Marcel) populaires et stars en tête de gondole. Mais bon, est-ce vraiment encore la peine d'évoquer ce petit cinéma de papa du gars Berri et d'en faire le procès, un cinéma plus de producteur que de réalisateur, à tout prendre ? Voilà presque quarante ans que cette mini fresque pagnolesque a déferlé sur nos écrans scolaires et que peut-on encore en dire ? Tout d'abord, parce que nous sommes avant tout plutôt défenseur du verre à moitié plein que du verre à moitié vide, avouons que la petite rénovation esthétique de la chose a redonné des couleurs aux joues du Papet et qu'elle rend avant tout grâce au travail soigneux de directeur de la photo de l'incontournable (alors) Bruno Nuytten : éclat solaire de cette Provence, intérieur éclairé aux cierges de saindoux, on ne pourra point reprocher au film d'avoir sombré dans une pâleur de vieux magazine. Tout comme on peut encore prendre un certain plaisir devant ces quelques mouvements exaltés de caméra suivant un Ugolin se déclarant à Manon dans la garrigue, ou filmant encore ce dernier avec un long travelling arrière lorsqu'il fait son ultime déclaration qui va littéralement droit dans le mur. Cela ne manque point d'un certain lyrisme exacerbé, un peu facile, oui, mais qui fait encore son petit effet...

Bon ensuite, parce qu'il va bien falloir y venir, les acteurs... Claude Berri et les acteurs, j'en entends déjà rire... Eh bien oui, forcément, Depardieu, grandguignolesque as usual se lance dans son petit numéro de "citadin exalté bossu fan de lapins" qui laisse constamment un petit rictus aux coins des lèvres même si son "y'a personne là-haut !!!!" (que Gols mime à la perfection) est devenu en soi légendaire (cette gueulante vers le ciel filmée en contre-plongée... Dieu de Dieu, même ce dernier a dû se fendre) ; Auteuil, en mal de reconnaissance à cette époque, fait son petit numéro de pitre roux avec quelques emportements de fada en roue libre total - césar garanti ; quant à Montand, si ses petits airs plein de bonhommie de pomponnette du sud (ce faciès quasi asiatique quand il fait ses petites mines de joie, c'est pas rien...) lassent vite, il faut reconnaître que sur la toute fin, quand il se plaît à jouer les fantômes, avec sa morgue sèche, il est encore capable d'un certain charisme, de regards qui attendriraient mes propres chiens - flanchant, au seuil de la mort, ayant tout perdu, toute une vie de combat apparaît sur son visage défait et on veut bien lui concéder au moins cela... Tout le reste, les cigales, les vieilles discussions de village avec ce putain d'accent pointu et ces tournures patoises rigolotes (allez zou, tout de même !), ce scénario impossible d'un tragique tenace soutenu par cette force du destin verdiesque pimpante, l'apparition d'un Hippo dénaturé aussi incongru dans ce cinéma-là que Jean-Pierre Marielle dans un Bergman, ce n'est que du bonus entre images d'Epinal bouffonnes et goût pour le drame annoncé un rien sclérosé et surligné. Quand d'autres tentaient alors de dynamiter tant bien que mal ce French cinéma de l'intérieur (Carax, Beinex, Blier...), Berri nous livrait son œuvre la plus terre-à-terroir - de la diversité du cinéma français, oui, mais aussi de son éternel (mauvais) goût pour le livre d'images calibré. Passéiste déjà en quatre-vingt six. Berri, le roi du cahier des charges, la qualité scolaire où l'on revient bien à la ligne.

 

Commentaires
M
Tenez, encore lui. ça n'arrête pas. Pas plus tard qu'hier... <br /> A toutes fins "bliesques" et peut-être utiles, ami Shang, violà pour vous :<br /> https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-20e-heure
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M
Non, je ne les voue pas aux gémonies. Certainement pas. Il y en a de vraiment géniaux. <br /> L'un d'eux, à Belleville, qui bossait sur "L'Invité d'un jour", très beau texte deTruman Capote, avec des mômes fascinés et qui en a fait une pièce de théâtre avec eux, qu'ils ont jouée ensuite sur une vraie scène. Une merveille. Ou cette autre, dans un internat breton, qui décortiquait du Trénet à des collégiens morts de rire à écouter les chansons. <br /> Néanmoins, belle lurette que je n'en vois plus trop, de ce bois-là.... Bon, allez, j'arrête avec ça. C'est d'autant plus idiot que je les aime bien, en réalité. Parfois, suffit d'un, d'un seul, pour m'énerver. C'est con.. <br /> Pour Ferré, je te trouve pessimiste. Il me semble pourtant qu'il est toujours là, qu'on l'entend encore. Si, si. je t'assure. Bizarrement, sa modernité semble le rendre plus visible, plus abordable que, mettons, un Brassens qui me paraît d'un accès plus ardu aux jeunes générations, moins évident, et qui a l'air de disparaître plus profondément dans les limbes. D'autant que Verlaine, Aragon, etc, lui servent quand même de "locomotives" dans les classes de français... Non? Me trompe peut-être. Mais les Francis Jamme ou les Paul Fort mis en guitare par le vieux Georges ont quand même moins la cote que les poètes choisis par Ferré.<br /> Un peu comme un Hitchcock,, à l'évidence plus attractif qu'un Chaplin pour des gamins pour qui un Spielberg est d'ores et déjà un "classique" et même un "très vieux".classique ! (Sacré boulot à faire....Gros gros boulot). <br /> Alors, c'est vrai, tu as raison, Alfie... Insegnanti poveri.
A
Je ne sais pas s'il y a encore beaucoup de gens pour se souvenir de Léo Ferré trente ans après sa mort, alors tu me fais bien plaisir de l'évoquer, Mitch. Ma passion pour son œuvre n'a jamais faibli d'un pouce. Je peux t'assurer que sa postérité me préoccupe bien davantage que celle de Bertrand Blier ! Combien de temps encore pour qu'il sombre définitivement dans l'oubli ?<br /> <br /> Puisqu'on causait ici de transmettre le goût de la littérature, je n'oublierai jamais que Léo m'a fait découvrir et mémoriser pour toujours des dizaines de poèmes de Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, Apollinaire, Aragon... Bien mieux que n'importe quel prof de français, soit dit sans les vouer aux gémonies, les pauvres.
M
Mon grand coeur Alfie ! <br /> Disons que j'ai un mantra : Partager un authentique chocolat du Ghana à 77% de cacao, même avec celui qui l'avale en prenant ça pour du Nutella de chez Ferrero. <br /> <br /> Notez que je vous ai évité le replay des blablas de l'autre PéPé (vous savez, le chouchou de Shang qui le cite partout). <br /> Hé oui, il paraît que le scélérat se serait fendu d'un hommage lui aussi ! Ce qui en dit long sur l'oeuvre universelle et subversive du mec qui les attire.<br /> <br /> PS : j'arrête d'appeler ce crétin PéPé. Pour moi, Pépée a toujours été la singe de Léo Ferré....
A
Merci beaucoup pour ce lien, Mitch, j'avais manqué cette passionnante émission.<br /> <br /> Je te félicite d'œuvrer ainsi pour que Bertrand Blier ne sombre pas trop vite dans l'oubli !
M
Des comme ça, y en a eu chaque jour de la semaine, à chaque heure du jour. Impossible d'y échapper sauf à zapper sur la bande ou couper le son. .<br /> Ne Venez surtout pas me dire qu'il n'y a rien eu. IL ETAIT PARTOUT.
M
Réaction de la Corporation, évidemment attendue, tu penses bien... <br /> Modestement, je vous répondrai que, des profs de tout poil, de toute nature, j'en vois au bas mot mille fois plus que n'importe quel prof actuellement en exercice dans son groupe scolaire. <br /> Je suis le Hollandais volant des écoles de France, Navarre et Outre-mer, mes chéris.<br /> Les profs (de français, je re-précise bien) , je les vois, du CE2 au lycée, en toutes zones géographiques, urbaines ou rurales, je les observe en plein travail ou tirant au flanc (pianotant sur leurs portables pendant que je m'entretiens avec leurs élèves, de plus en plus nombreux en passant, ceux-là, les pianoteurs...), je les vois dans leurs classes, dans les salles des profs, en séminaires, en réunion, à la cantine, ou parfois même chez eux. <br /> Depuis 30 ans, si je m'amuse à une multiplication astronomique, j'en ai vus quelque chose comme cinq ou six mille. Qui dit mieux ? <br /> Cecil, je sais de quoi je parle. Et leur rapport à la littérature me désole, m'afflige, me consterne. <br /> Et je ne parle certainement pas des programmes ! Ne dévie pas du sujet. <br /> Tenez, je vous offre la dernière qui m'est tombée dans l'oreille, un peu avant Noël , cette année :<br /> Un prof de français, près du Havre, je tairai son nom, qui m'a lancé, sans le moindre embarras "Lire les romans qui sortent... Oui, eh bien, si vous croyez que j'ai le temps et les moyens !"<br /> Visiblement, la bibliothèque municipale, il ne savait pas que ça existait. <br /> Quant au temps... Lire fait partie du job, non ? <br /> Manifestement, son programme à lui est le même depuis 18 ans : Tournier, Saint-Exupéry, Maurice Druon (qui a parlé des années 50 ? Pas moi, Cecil.). Témoins: les étagères de bouquins , toujours les mêmes titres, qu'il refile à ses classes successives, et n'en renouvelle que les exemplaires usés. . <br /> Ce qui me rend triste, c'est que des olibrius de ce genre deviennent de + en + nombreux. <br /> Ils étaient des exceptions il y a une vingtaine d'années.
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C
Non mais les Français doivent savoir et il faut le dire : les profs ont tellement des goûts de purin qu'en plus ils invitent n'importe qui dans leur classe... Sans doute rien que pour avoir la possibilité de jouer sur leur portable (comme dans toutes les professions, on pourrait le parier).<br /> <br /> Il faut toujours extorquer les précisions... la question est : pourquoi les profs de français sont-ils le poison de la littérature ?<br /> Je te propose des pistes, à développer ou non : <br /> - une proportion de PDF déclare ne pas particulièrement aimer la littérature ?<br /> - une proportion de PDF ne lit pas de littérature récente ?<br /> <br /> Essaie de ne pas nous faire la moitié sur le pire prof du monde. Je connais un prof de maths complètement cinglé, moi aussi et c'est même pas moi.
S
Si les films de Berri sont nés déjà vieux (sauf Tchao Pantin), les Beinex et Blier sont atteints de progéria (sauf deux ou trois Blier peut-être).
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M
Tu as cent fois raison, Cecil. Je suis à fond d'accord avec toi : Les pdf invitent en effet n'importe qui dans les classes ! (Joël Dicker, Valérie Perrin, Alice Zeniter, j'en passe...<br /> Je me demande si je ne préfère pas les profs cinglés, finalement. <br /> Le poison dont je parle c'est, dans les années 80, faire étudier Molière avec Louis de Funès ou Roger Coggio. Dix ans plus tard, faire lire Pagnol parce que Claude Berri sert la soupe adéquate. Et aujourd'hui, découvrir le comte de Monte Cristo avec Pierre Niney. A travers les décennies, le consensuel demeure absolument identique. <br /> C'est ça l' insupportable poison. <br /> Le prof dont je parle plus haut a moins de 40 ans. Que fait-il en resservant "Tistou les Pouces verts" ou "Vendredi ou la vie sauvage" ? Il étudie avec ses classes successives les bouquins que lui-même a étudié quand il était collégien. <br /> Je ne lui reproche pas forcément ses choix, je lui reproche son manque de curiosité. <br /> Décidément oui, je les préfère cinglés.
M
Ah oui alors, bien d'accord ! Y en a marre de "l'immense" , du "subversif", du "hors des cadres" Bertrand Blier qu'on entend partout depuis sa mort ! <br /> Cinéma plus bourgeois et malhonnête que le sien, tu meurs. <br /> A la limite, un Claude Berri, à côté, a l'air plus sincère. <br /> Mais aucun n'est brillant.
P
Ces années-là, Claude Berri était à Pagnol et au roman ce que Roger Coggio était à Molière et au théâtre... <br /> Tous les profs de français, poison de la littérature, emmenaient leurs lycéens voir la qualité française réinterprétée à l'écran. Franchement, l'Education nationale tient une de ces couches de connerie en matière d'art ! ...
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M
Bien cher Shang, loin loin loin de moi l'idée de jeter aux orties (au fait, la soupe d'ortie, c'est exquis, je vous le dis) la totalité de votre foyer (encore moins s'il y a un animal ou deux) ! D'autant que moi aussi, je fis partie (quelques courtes années, hein, point trop n'en faut) de la Corporation. Et mes amis les meilleurs baignent toujours dedans, les malheureux...<br /> Ceci étant posé, vous regardez trop les écrans. Car à la radio (de loin, mon média sonore privilégié), il n'y en a a eu que pour Bertrand Blier. Du Cire-pompes, du Lèche-Cul, de la Brosse-à-Reluire sur toute la (future défunte) bande FM depuis 3 jours ! ! Une heure par ci, une demi-heure par-là, une archive ci, un portrait là... Ce midi, encore... J'ai éteint.<br /> PS : Cessez de formuler si souvent, voire à tout bout de champ, le nom de ce P.P. (Pet-Pet !) ! Vous voulez bien? Vous lui faites une pub dont il n'a pas besoin. <br /> PS2 : A propos, sait-on que "a trump" se traduit également par "pet" ou "prout" ? "A massive trump" = "gros prout". Voilà qui est bien intéressant, n'est-il pas ? Un aptonyme, on appelle ça.
S
Oui, merci Cecil de raison garder - jeter aux orties en 2025 "tous les profs et les programmes de français" est digne de Pascal Praud - raison garder ET tête relever (cela constitue quand même 100 % de mon foyer...) ; quant à Blier, pour ma part, j'ai plus eu l'impression, qu'il fut, pour le coup, en terme d'hommage, plutôt rapidement jeter aux orties - il ne rentrait plus vraiment dans certaines cases #...
C
Hum hum.... HUM HUM !!!<br /> <br /> "Tous les profs de français"... d'après une étude du prestigieux Institut du Doigt Mouillé ?<br /> <br /> "poison de la littérature"... ils ont changé depuis 1950, you're out of your element. <br /> <br /> "l'Education nationale tient une de ces couches de connerie en matière d'art "... Les programmes d'école/collège/lycée au cinéma sont presque toujours très bien, c'est déjà pas mal.
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