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28 janvier 2025

Indiana Jones et la Dernière Croisade (Indiana Jones and the Last Crusade) de Steven Spielberg - 1989

Assurément l'un des meilleurs épisodes de la série, Indiana Jones et la Dernière Croisade est un vrai bonheur de divertissement parfait, le genre de film qui vous emmène très loin de vous dès la première seconde et ne vous ramène à bord qu'au bout de ses 127 minutes agitées, drôles, glamour, exotiques, tonitruantes, et, pour tout dire, géniales. Jamais Spielberg n'a été aussi proche de trouver l'esprit de Tintin, y compris dans son film sur le héros à houppette. En ajoutant à l'univers déjà très BD des premiers épisodes un Sean Connery bougon, il trouve son capitaine Haddock, et la note juste est enfin là : comme dans Tintin, il y a ce goût pour la ligne claire, pour l'action pure, et jusque dans sa mise en scène (ces profondeurs de champ, ces cadres qui s'ouvrent tout à coup pour dévoiler un trucage, un trompe-l’œil, l’enchainement des scènes d'action dans d'autres scènes d'action plus mouvementées encore), on retrouve la vision d'Hergé. Spielberg prend son héros au sérieux, aussi rigolo et improbable soit-il. Contrairement au deuxième opus, qui avait tendance à trop partir dans le fantastique, il décide de revenir à la base : Indiana Jones contre les méchants nazis, contraint de sillonner la Terre pour trouver un trésor (ici, le saint Graal, excusez du peu) avant ses funestes ennemis. Cette fois, plus-value indéniable, il est affublé d'un paternel aussi obsessionnel que lui, à la tendresse discutable, ce qui transforme son odyssée en "comédie de la re-paternité" autant qu'en quête mystique. L'important n'est pas tant de retrouver le saint vase que de le retrouver avec son père, et ainsi de retrouver quelque chose qui a été gâché dans l'enfance (la scène d’ouverture est emblématique du nœud freudien qui relie Indiana et son père). On le voit, la thématique est hyper-spielbergienne : il s'agit de régler les soucis irrésolus de l'enfance, tout en la retrouvant.

Car le film vous fait replonger en enfance avec un savoir-faire extraordinaire. Il y a quelque chose des romans de Rider Haggard, ce mélange de magie, d'aventures, d'action, d'Histoire, dans Indiana Jones. Spielberg est désormais en pleine possession du personnage, et parvient à nous le rendre accessible malgré ses aventures fantastiques. L'excellent Harrison Ford le joue héros maladroit, amateur, contraint de résoudre les problèmes à l'arrache, dans la précipitation ; son père ajoute un regard sévère, juge, sur son côté amateur. Pourtant il est vraiment héroïque, trouvant toujours le petit truc pour s'en sortir, bravant presque le IIIème Reich dans son entier (jolie petite scène qui organise sa rencontre avec Hitler himself), arrivant à abattre 10 soldats nazis d'un coup de fouet tout en embrassant la blonde de service tout en débattant d'un problème œdipien avec son père, tout en sauvant un trésor archéologique, tout en résolvant une énigme infaisable. Les scènes d'action (qui constituent 90% du film) sont impressionnantes de maîtrise : Spielberg enchâsse les catastrophes l'une dans l'autre, dans une écriture impeccable, une organisation du chaos incroyable. Quel cinéaste possède un tel rythme dans l'action, qui sait rendre aussi fun une course-poursuite, qui parvient à être aussi lisible dans une scène hystérique, qui sait rendre une scène de bagarre aussi drôle ? Franchement ? Voici donc un film de divertissement parfait, à montrer infiniment à vos enfants, et à revoir également pour votre édification, sur le thème : qu'est-ce qu'un grand cinéaste ?

 

Commentaires
P
Vous avez raison d'être méfiant à propos de ce que vous appelez la "cancel culture". Mais contextualisation n'est pas justification. Tout ça étant une question de délicat dosage...et de pas mal de documentation. J'aime bien votre site dans sa diversité et je ne regrette qu'une chose : la quasi-absence de contributions de lecteurs.
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P
Diable ! "Un petit laius scandalisé bien de notre temps" ! En français : un vieux con professant une morale mainstream d’aujourd’hui. Il vous faudrait développer ce que vous entendez par là, mais peut-être n'en avez-vous pas envie. Puis l'insinuation : Monsieur je-sais-tout-et-de-tout-temps n'a-t-il jamais changé d'avis dans sa vie ?<br /> Vous me demandez ce que j'écrivais il y a 36 ans (la moitié de mon âge) ? Des recensions dans une revue de cinéma en essayant, comme vous, d'être pertinent et primesautier. Je ne prétends pas y être toujours arrivé. L'âge n'est enrichissant que par les aller-retours sur les strates qui s'empilent. <br /> J'espérais simplement un retour documenté et pas seulement d'humeur sur mes remarques : j'ai aimé Tintin à une époque de ma vie, je me suis donné les moyens de le voir differement plus tard, ce qui suppose par exemple de s'interroger sur les ressorts esthétiques de la BD. Ce quécrivait Pierre Fresnault-Deruelle en 1977 (La chambre à bulles 10/18) a beaucoup contribué à cet éveil. La "ligne claire" ne l'est pas tant que ça.<br /> Ceci dit, 36 ans après, j'apprécie toujours la prestation de Sean Connery.
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S
Pardon, loin de moi l'envie de me faire plus irrespectueux que j'en l'air, surtout avec quelqu'un qui a plus de bouteille que moi... C'est juste que je suis toujours un peu énervé par cette tendance à juger quelque chose a posteriori et que cette notion de "cancel culture" m'horripile. Promis j'essaierai d'être un peu moins lapidaire sur la question à l'avenir tant la chose mérite débat.
P
Il faudra quand même que quelqu'un se décide à parler de la puanteur de certaines oeuvres artistique. Que Tintin soit une création portant les marques (stigmates) du mépris colonial peut s'expliquer par la centaine d'années qui nous sépare d'elle. Encore qu'en 1860, Eduard Dekker écrit un ROMAN, Max Havelaar, sur les méfaits du colonialisme hollandais à Java. Comme nous en causions en juillet 2022 à propos de la croisière Citroën, les aventures exotiques d'occidentaux en mal de sensations trépidantes s'effectuent toujours sur le dos des populations locales (Dakar y compris). Prenez le temps de revoir les épisodes précédents d'Indiana Jones : mis à part le "bon" indigène qui sert de fixeur (joué toujours par un occidental grimé), le reste de la figuration (nazis exceptés, occident oblige) est une masse grouillante fourbe ou destinée au massacre.<br /> Un peu moins de d'idéologie ? soit. Parlons art. Tintin, que j'ai dévoré durant mon enfance, est du pipi de chat à côté de l'inventivité d'un Windsor Mc Cay (Little Nemo) pour son utilisation de l'espace graphique et renouvellement de l'imaginaire. Et ne parlons pas du génie absurde et minimaliste Herriman (Krazy Kat). <br /> Quant à Spielberg, à par accumuler du spectaculaire sur du spectaculaire, il nous rerssort un film d'aventures, resucée de Tarzan raciste à une époque (depuis les années 80) où on est sensé avoir pris de la distance avec certaines pratiques nauséabondes. VISIBLEMENT, ce n'est pas le cas.<br /> Bien à vous deux.
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M
Winsor Mc Kay est un Génie. <br /> Et Little Nemo, de la pure Poésie. <br /> <br /> In-casable. Et pour cause... de cases, il n'en met pas !
S
Merci pour votre petit laïus scandalisé bien de notre temps. J'ai juste envie de vous demander, puisque vous semblez avoir toujours été parfaitement en phase avec votre époque, quelle qu'elle soit, qu'avez-vous écrit sur ce sujet il y a 36 ans ? Juste pour comparer. Tintinophilement et un brin caustiquement vôtre.
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