Indiana Jones et la Dernière Croisade (Indiana Jones and the Last Crusade) de Steven Spielberg - 1989
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Assurément l'un des meilleurs épisodes de la série, Indiana Jones et la Dernière Croisade est un vrai bonheur de divertissement parfait, le genre de film qui vous emmène très loin de vous dès la première seconde et ne vous ramène à bord qu'au bout de ses 127 minutes agitées, drôles, glamour, exotiques, tonitruantes, et, pour tout dire, géniales. Jamais Spielberg n'a été aussi proche de trouver l'esprit de Tintin, y compris dans son film sur le héros à houppette. En ajoutant à l'univers déjà très BD des premiers épisodes un Sean Connery bougon, il trouve son capitaine Haddock, et la note juste est enfin là : comme dans Tintin, il y a ce goût pour la ligne claire, pour l'action pure, et jusque dans sa mise en scène (ces profondeurs de champ, ces cadres qui s'ouvrent tout à coup pour dévoiler un trucage, un trompe-l’œil, l’enchainement des scènes d'action dans d'autres scènes d'action plus mouvementées encore), on retrouve la vision d'Hergé. Spielberg prend son héros au sérieux, aussi rigolo et improbable soit-il. Contrairement au deuxième opus, qui avait tendance à trop partir dans le fantastique, il décide de revenir à la base : Indiana Jones contre les méchants nazis, contraint de sillonner la Terre pour trouver un trésor (ici, le saint Graal, excusez du peu) avant ses funestes ennemis. Cette fois, plus-value indéniable, il est affublé d'un paternel aussi obsessionnel que lui, à la tendresse discutable, ce qui transforme son odyssée en "comédie de la re-paternité" autant qu'en quête mystique. L'important n'est pas tant de retrouver le saint vase que de le retrouver avec son père, et ainsi de retrouver quelque chose qui a été gâché dans l'enfance (la scène d’ouverture est emblématique du nœud freudien qui relie Indiana et son père). On le voit, la thématique est hyper-spielbergienne : il s'agit de régler les soucis irrésolus de l'enfance, tout en la retrouvant.
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Car le film vous fait replonger en enfance avec un savoir-faire extraordinaire. Il y a quelque chose des romans de Rider Haggard, ce mélange de magie, d'aventures, d'action, d'Histoire, dans Indiana Jones. Spielberg est désormais en pleine possession du personnage, et parvient à nous le rendre accessible malgré ses aventures fantastiques. L'excellent Harrison Ford le joue héros maladroit, amateur, contraint de résoudre les problèmes à l'arrache, dans la précipitation ; son père ajoute un regard sévère, juge, sur son côté amateur. Pourtant il est vraiment héroïque, trouvant toujours le petit truc pour s'en sortir, bravant presque le IIIème Reich dans son entier (jolie petite scène qui organise sa rencontre avec Hitler himself), arrivant à abattre 10 soldats nazis d'un coup de fouet tout en embrassant la blonde de service tout en débattant d'un problème œdipien avec son père, tout en sauvant un trésor archéologique, tout en résolvant une énigme infaisable. Les scènes d'action (qui constituent 90% du film) sont impressionnantes de maîtrise : Spielberg enchâsse les catastrophes l'une dans l'autre, dans une écriture impeccable, une organisation du chaos incroyable. Quel cinéaste possède un tel rythme dans l'action, qui sait rendre aussi fun une course-poursuite, qui parvient à être aussi lisible dans une scène hystérique, qui sait rendre une scène de bagarre aussi drôle ? Franchement ? Voici donc un film de divertissement parfait, à montrer infiniment à vos enfants, et à revoir également pour votre édification, sur le thème : qu'est-ce qu'un grand cinéaste ?
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