I Want to Go Home d'Alain Resnais - 1989
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Vous me trouvez en pleine perplexité face à ce Resnais que je n'avais jamais vu, et qui se situe entre mes films préférés de lui (Mélo et Smoking / No Smoking). Besoin de récréation, de légèreté ? Nécessité de déclarer son amour à la BD ? Film profond mais raté sur l'identité, les archétypes de chaque culture sur lesquels on se replie confortablement ? Un peu tout ça, et rien de tout ça. I Want to Go Home est malaisant, c'est tout ce qu'on peut en dire au terme de ces 100 minutes gênantes et absconses. Dès le départ, Resnais semble se vautrer avec délice dans les clichés nationaux : une jeune Américaine (Laura Benson) fuit sa famille sclérosante pour partir en France, et fantasme sur les grands écrivains et intellectuels rive gauche ; son père (Adolph Green), un auteur de BD oublié, la rejoint deux ans plus tard à la faveur d'un salon, et comme tout bon Américain, est terrifié par la vieille Europe sans confort et hostile, ne pensant plus qu'à fuir cette civilisation décadente ; un intellectuel français grand crin (Gérard Depardieu) se passionne pour le 8ème Art, et considère le nouveau venu comme un nouveau Michel-Ange. Amérique populaire et xénophobe vs France snob et mal élevée, bonjour les clichés, et au bout de 30 minutes de ce tonneau-là, on se demande bien où Resnais veut en venir. Les acteurs sont très médiocres, l'écriture poussive et assez triste, les situations inexistantes. S'il n'y avait, de temps en temps, l'intervention d'un chat dessiné qui sert de conscience aux personnages, seul trait de style dans cette histoire, on se dirait bien que Resnais est aux abonnés absents dans cette farce pas drôle.
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Quand ce joli petit monde déménage dans un château de contes de fées pour une surprise-party un peu délurée, ça s'arrange un peu. Sur les traces d'une Règle du Jeu où tout le monde, tous les pays et toutes les cultures (et même les temporalités) se mêlent dans un joyeux foutoir, le cinéaste laisse parler sa fantaisie et sa sentimentalité, et on adhère un peu plus. Beau personnage notamment que celui de cette mère "universelle" (Micheline Presle) qui prend notre jeune fille sous son aile, et bonne idée de déguiser tout le monde en personnages de cartoon : ça permet de définir chaque personnage, de rester dans le cliché mais de traiter celui-ci plus finement. Depardieu en Popeye ou Benson en Titi, il y a un côté festif et tendre dans cette évocation des grands mythes du dessin animé américain. Ça permet une ou deux jolies scènes, et ça permet surtout à la mise en scène de s'aérer un peu, de devenir un peu plus joueuse, comme on s'y attend chez Resnais à cette époque. La fin le voit malheureusement revenir à une esthétique ringarde et à un flou artistique complet au niveau de ses intentions. Tout est raté finalement, l'hommage aux grands noms de la BD, le jeu sur les stéréotypes, le portrait psychologique, l'essai sur le choc des cultures. Il reste un film mal joué (c'est peut-être le pire défaut au final) et mal fagoté. Le moins bon film de son auteur, aucun doute.
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