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16 janvier 2025

Diamant brut d'Agathe Riedinger - 2024

La Rosetta 2024 a des ongles de 10cm et des seins refaits. C'est le triste constat qu'on fait en voyant le film d'Agathe Riedinger, qui a en gros les mêmes ambitions que Dardenne : rendre compte de la difficulté de vivre d'une adolescente dans un milieu qui ne la comprend pas, faire du cinéma social et politique "dans l'urgence". Cette filiation est quelque peu inattendue vu le contexte dans lequel se déploie la trame de Diamant brut : Liane, jeune cagole fonceuse, têtue, malheureuse et colérique, n'a qu'un rêve : devenir une star de la télé-réalité. Avec ces milliers de followers sur son tiktok, avec ses vêtements Gucci, avec sa collection de talons-aiguille à rubis, avec ses heures passées à se maquiller, son plan de bataille est bien en place : elle est prête à tout, strictement tout, pour passer à la télé dans une de ses émissions fétiches à bases de clashs et de drague. Ca tombe bien : elle vient d'être repérée par un boîte de prod pour figurer peut-être dans la prochaine saison de "Miracle Island". En attendant la confirmation (ou non) de son rêve, on va passer quelques heures en sa compagnie, entre une mère déprimée et jalouse, une petite sœur admirative, une poignée de copines bien biatchs, et un petit mec qui lui court désespérément après.

Liane n'est pas facile à suivre, en vrai ado d'aujourd'hui : impulsive, impatiente, superficielle et tout en nerfs, elle fait de ses journées un enfer total pour tout le monde, y compris elle-même. Riedinger tente de la suivre caméra à l'épaule la plupart du temps, et de rendre compte de la complexité du personnage en même temps que de celle de cette époque toute en surface, en appât du gain, en soif de reconnaissance, en renommée warholienne. On pourrait adopter une posture morale par rapport à tout ça, juger de haut cette jeunesse décervelée, mue seulement par le nombre de followers et par l'apparence (le corps de Liane est tout entier recouvert d'apparats, et il faut fouiller pour trouver derrière le fond de teint, les faux cils et les robes moulantes à paillettes un petit cœur qui bat). C'est l'erreur à ne pas commettre, et Reidinger ne la commet pas : sans hauteur, sans regard adulte, sans jugement, son film rend très bien la profondeur de ce personnage, son mal-être, son énergie. Peu à peu Liane se révèle, peut-être par la force de l'amour, peut-être parce que le film enregistre aussi un murissement, une émancipation. On finit par trouver touchante cette marionnette de la société actuelle, par comprendre son désir d'être aimée, même mal. Si le film n'est pas parfait, c'est qu'il tombe souvent dans des scènes too much (la tentation de la prostitution, l'audition pour l'émission de télé) ; au niveau du portrait psychologique et social, il est juste et beau. Il y a même une certaine magie dans quelques détails (la nana qui se maquille comme elle se ferait une peinture de guerre, les très belles dernières scènes, le retour à l'enfance le temps d'une séquence de danse avec sa sœur, une maison en travaux comme avenir possible). Un premier film habité, qui manque peut-être un peu de personnalité à la réalisation, mais réussi.

 

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