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6 décembre 2024

SERIE : La Mesias de Javier Ambrossi et Javier Calvo - 2024

Bien agréable, bien mouvementée, bien surprenante, cette série ibérique qui ne cesse de vous prendre à l'envers de vos attentes. La principale qualité de la chose est en effet de vous malmener pas mal d'un univers à un autre, du réalisme social le plus cru au délire SF barré, de la comédie noire au polar. A la fin de chaque épisode on a bien du mal à prévoir ce qu'on nous réserve au prochain, et La Mesias a complètement intégré le principe fondateur d'une série : vous tenir en haleine, vous inciter à envoyer encore un petit épisode et au lit. Tellement surprenant donc que, au premier épisode on se dit qu'on ne tiendra pas jusqu'au bout : un mélange d'ésotérisme contemporain, d'histoire d'extra-terrestres, de nostradamuseries complotistes, une volonté de nous perdre dans une intrigue improbable, des personnages peu attachants, on fronce le nez. Il faut oublier cet épisode poseur et pas représentatif du tout du reste : dès le deuxième, on plonge dans l'intrigue centrale, et elle est passionnante.

La série raconte une emprise, celle d'une mère de famille sur ses enfants, et notamment sur ses deux aînés, Enric et Irene. Jeune femme irresponsable et immature, Montserrat laisse ses jeunes enfants livrés à eux-mêmes pendant qu'elles s'envoient des mecs toxiques et connards à la chaîne. Mais un jour, elle rencontre le mystérieux Pep, un homme entièrement dévoué à la religion, austère et extrémiste, qui va transformer Montserrat en nouvelle Messie, lui faisant croire qu'elle communique avec Dieu. Le couple, en s'enfermant dans cette folie religieuse, entraine avec lui les enfants, 6 filles plus les deux sus-cités. Coupée de tout contact avec la réalité, cette famille barrée, incestueuse, couvant une violence insupportable, devient le nœud des névroses psy de Enric et Irene, qui se lancent devenus adultes dans une tentative de sauvetage de leurs sœurs. Commence alors un thriller angoissant, sous la tutelle de cette mère démente mais puissante qui a organisé autour d'elle un piège d'où nos deux héros tout cabossés vont avoir bien du mal à s'extirper.

Un traumatisme fait film : c'est ce que vous propose La Mesias, qui organise un véritable cauchemar au sein d'une Espagne baroque gangrénée par l'ésotérisme, le patriarcat, la bigoterie. Ambrossi et Calvo déclinent une impressionnante mise en scène, qui mélange les genres dans un joyeux bordel, mais qui vous tient très serré dans ses rets. Jamais tout à fait réaliste (les clips réalisés par les sœurs captives qui ont monté un groupe de musique catho, les occurrences chamaniques ou extra-terrestres, les stries de dessins qui viennent polluer la trame), mais jamais déconnecté pour autant (la grande crudité de ce qui est dit, la monstruosité des situations), le film est un prodigieux spectacle cauchemardesque, qui mélange le baroque le plus échevelé au concret le plus rude. Il ose franchement tous les excès, comme changer de comédienne en cours de route, ou convoquer des OVNIS pour exprimer un trauma, ou balancer de la musique pop sur une scène hyper-tendue. Si les gars y vont un peu trop fort sur le dernier épisode, franchement en roue libre, on ne peut qu'applaudir devant une telle audace pour parler de choses aussi sombres. Portée par des comédiens excellents (les enfants notamment sont dirigés de main de maître), menée par des personnages ambivalents et complexes, dont les plus sympathiques peuvent tout à coup devenir des monstres et vice-versa, la série avance comme un puzzle d'émotions et de styles, répondant bien au caractère éclaté de ces psychés toutes tordues. Une grande réussite.

 

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