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13 décembre 2024

Nomad (Lie huo qing chun) (1982) de Patrick Tam

C'est un film finalement assez surprenant que ce Nomad de Tam, une œuvre qui se plaît, en cours de route, à glisser sur les genres... On s'attendait à de petites romances légères à la sauce hong-kongaise des eighties (jolis minois male and female, musique sirupeuse, couleurs primaires éclatantes...) et on découvre une vision romantico-tragique de cette jeunesse pour le moins détonante (notamment sur la toute fin qui part violemment en sucette). Soit donc quatre personnages : deux jeunes gens de "bonne famille", le classieux Louis (Leslie Cheung, rip) et sa cousine Kathy (la tigresse Patricia Ha - oho) : loft spacieux, musique classique savourée au casque vintage, vie de pacha... L'un et l'autre vont faire des rencontres amoureuses foudroyantes ; Louis tombe sur l’exubérante Tomato (Cecilia Yip - hourra) qui se retrouve alors un peu perdue entre deux amants (un qui la colle, l'autre qui la largue) : ils finiront par échouer dans un hôtel pour une douce nuit où elle prendra indéniablement les choses en main - un éveil total pour le Louis not si strong. Quant à Kathy, elle jettera son dévolu sur l'ami Pong (Kent Tong - ting), un type tout terrain à la fois maître-nageur et chauffeur de taxi : Pong aura toutes les difficultés pour passer une soirée tranquille avec lui chez lui (la famille chinoise, cette plaie), et la chose se conclura dans un bus by night... Ces quatre personnes vont finir par vivre plus ou moins ensemble, entre vague à l'âme, espoir et nipponerie (un jeune Jap qui a déserté l'Armée rouge débarque dans le loft, ce qui va avoir quelques "troublantes" conséquences sur notre quatuor...) : le final sera pour le moins explosif.

On part sur une ambiance plutôt bon enfant de cette jeunesse dorée qui se marre (Kathy avec toutes ses amies qui débarquent dans la piscine municipale sous l’œil courroucé de Pong : on rit, on se trémousse dans son nouveau maillot de bain, on flirte gentiment), puis l'on dérive vers quelque chose d'indéniablement plus sensuel (Emma Bovary dans sa calèche n'aurait pas renié ce petit tour en bus où nos deux jeunes amants après s'être roulé des pelles en mode tracto s'enlacent sans ambages - la température du bus monte méchamment ; il semble littéralement par la suite ne plus pouvoir se désimbriquer, quittant le bus comme une bête à deux dos...) ; Tam ne s'arrête pas en route dans son étude livrant ensuite un portrait de cette jeunesse entre désabusement (Kathy ou l'impossibilité à tomber amoureuse) ; nos quatre glandeurs semblent même lors d'une scène inattendue en mode "Valseuses" - rien à faire sur cette basse terre et rien à foutre de rien) et désir enfantesque à l'eau de rose... Dans une ultime partie qui charclera sa mère (qui dit Jap, dit forcément éclatement de violence ? le moins que l'on puisse dire c'est que leur comparse japonais jouera un rôle de détonateur dans leur petite vie languide), Tam fait parler la poudre et le couperet tombera en mode Koh Lantah : quel couple aura-t-il la chance de trouver grâce à ses yeux ?... On quitte la chose un rien étonné et surpris (ce qui est toujours de bonne augure) tant le Tam a su faire dériver ces portraits un peu lisses au départ vers un peu plus de sueur et de sang. Nomad, un balade sauvage d'une jeunesse plus imprévisible qu'elle n'en avait l'air - un film des eighties HK à redécouvrir.

 

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