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11 décembre 2024

Le Marteau des Sorcières (Kladivo na carodejnice) (1970) de Otakar Vávra

Noël approche et il est toujours bon de se rappeler au bon souvenir des sorcières et de ce temps béni de l'Inquisition, véritable acmé de nos amis catholiques. Vávra est un malin, lui qui, en cette période où le communisme était encore quelque peu à l'ordre du jour en Tchécoslovaquie, décide de montrer à quel point la chasse aux sorcières est un fieffé travail d'enfoirés. Au départ, une vieille dame qui commet une faute impardonnable, celle de ne pas consumer l'hostie reçue (tout comme moi d'ailleurs, le jour de ma communion - non point par désir de visiter au plus tôt les enfers, simplement parce que, franchement, ça manque de goût leur pâte à Dieu) : elle le destine à la vache de la voisine qui ne fait plus de lait... Prise sur le coup par l'enfant de chœur, elle est conduite devant le prêtre et... de Charybde en Scylla devant un inquisiteur... Ce dernier, dès le départ, on ne le sent qu'à moitié : vieux libidineux à la retraite à la tête d'une auberge borgne, on sent tout de suite le type qui n'est pas droit dans ses bottes... En effet, voyant la manne que représente son poste, notre homme, avide de faire bonne chère mais également avide de bonne chaire (il reluque les femmes d'un œil éminemment torve...) va faire durer le procès, accusant à la volée toute femme prise dans ses rets : sa passion, la torture. Ses outils : un brise-pouces mortel, un péteur de tibia d'enfer, une échelle à écarteler diabolique ; généralement, après avoir fait les trois agrès, tu avoues... Tu ne sais pas trop ce que tu avoues, non, mais quand on te demande d'accuser untel, tu l'accuses, même si c'est ta mère... Les notables, voyant bien à quel point l'homme abuse, commencent à grincer des dents... Mais le ver est dans le fruit et notre Inquisiteur de pacotille, soutenu au plus haut, est bien décidé, lui l'inculte, à leur faire la leçon... Cet homme est du vent, mais un vent qui va souffler sur de nombreux brasiers...

Otakar Vávra prend tout son temps pour mettre sa petite mécanique en place mais une fois que notre sagouin est dans la place, on sent que la pente vers l'enfer ne peut être que savonneuse... Comment tout pouvoir dictatorial, même s'il est du flan, peut finir par inquiéter tout un chacun ? La version proposée par le cinéaste sera un véritable cas d'école ... Après une ouverture sur des corps de femmes nues, languides (l'incarnation du péché ? Mais avec plaisir !), on aura droit à une démonstration de force beaucoup moins sexy... Les manières de goujat de notre inquisiteur (et de son servant, Jordan, encore plus ignoble, encore plus cynique) n'ont d'égales que ses instruments d'horreur : il ne paye pas franchement de mine, cet appareil, mais tu vois bien que lorsque tu introduis ne serait-ce qu'un pouce dans ce petit étau, tu es parti pour douiller ta mère... Les piques qui s'enfoncent dans le tibia sont tout autant aussi mesquines... Nos bourgeois plus ou moins intègres, au départ méfiants, puis carrément soupçonneux, ne vont pas avoir trop le temps de réagir face à ce diabolique inquisiteur : ils ont à peine le temps de l'accuser ouvertement que... oups, ils sont déjà arrêtés, soumis à la question... Toute résistance, toutes valeurs, tout sentiment glorieux, je le dis tout de suite, sont désormais vains... A l'image de ces personnes édentées filmées en très gros plan qui disent des abominations sur le danger que sont les femmes (ces sorcières en puissance !), on est très vite saisi par le réalisme de ces scènes de bûcher (mais je suis innocent, putain ! Brûle et tais-toi) et celles de tortures qui se multiplient comme la peste. Un film résolument à fleur de peau (pendant que notre inquisiteur se fait masser par son serviteur, d'autre souffre dans leur chair...). La prestance de ces bourgeois reconnus ne fera pas longtemps illusion devant cet inquisiteur qui fera littéralement feu de tout bois... Une démonstration froide, des images saisissantes de chair torturé faisant sombrer l'âme en un tour de vis (et de vice) et un évident arrière-goût politique vintage qui te fait difficilement déglutir (tu la sens bien, ta pomme). Tchèque et mat (cela faisait longtemps, non ?). Qui Vávra, verra.

 

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