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19 décembre 2024

La Vie selon Ann (The Feeling That the Time for Doing Something has Passed) de Joanna Arnow - 2024

On ne pourra pas reprocher à Joanna Arnow de ne pas tenter de nouvelles choses dans le cadre de la comédie new-yorkaise, définitivement associée à Woody Allen et dans laquelle il doit être bien difficile de trouver de l’originalité. Rythme lent, filmage à plat, ambiance mortifère, distance des personnages, jeu atone, la dame n'économise pas ses efforts pour créer son style à elle, et parler d'un sujet tout sauf comique : la dépression latente des trentenaires d'aujourd'hui, perplexes autant que confus face à une sexualité diffuse et multiple. Le film est un (auto- ?)portrait d'une jeune femme en plein désarroi sexuello-amoureux : elle aime être soumise, pratiquer un sado-masochisme intello, et se heurte dans ses recherches d'un alter-ego à des garçons bien fades, gentils et volontaires certes, mais qui ne parviennent pas à comprendre les besoins de Ann, reproduisant des schémas normés alors qu'elle rêve de sensations nouvelles. Le film catalogue en chapitres les différentes rencontres, et les différents échecs qui jalonnent sa triste existence, mettant en parallèle ses déconvenues sexuelles avec celles du monde du travail : elle travaille en effet dans une entreprise aliénante et inutile au jargon novlangue ridicule, et ses réunions kafkaiennes sont filmés en regard avec ces soirées "amoureuses" tout aussi terribles.

Original, oui, mais un peu lassant à la longue, et bien étouffant : le monde décrit par Arnow est horrible, et tant de cynisme, de dégout de soi-même, de déprime, finit par effacer le sourire qu'on pouvait avoir dans la première demi-heure. Tous les personnages de The Feeling That the Time for Doing Something has Passed sont moches, sont des ratés, y compris Arnow elle-même qui joue le rôle principal. On se dit qu'elle doit être bien dans le noir pour aimer aussi peu les gens, et pour se regarder elle-même avec tant de cruauté. On voit bien qu'elle voudrait nous présenter une femme qui ne cède rien à sa liberté et à ses désirs, une femme qui, face aux petitesses de la gente masculine, reste droite dans ses bottes, obstinée dans l'assouvissement de ses fantasmes. C'est ce qui rend le film attachant malgré tout. Arnow est presque dans le non-jeu, accepte dans une premier temps la maladresse de ses partenaires, mais finalement oppose à leur peu de puissance une apathie totale. Pour montrer son absence de compromis sur ses désirs, elle choisit une révolte à la Bartleby, finalement. Le film vous plombe de plus en plus au fur et à mesure de ses scènes dévitalisées, et finit franchement par vous mettre le moral à zéro, à cause de ce regard très supérieur et nihiliste sur les rapports amoureux. C'est le malaise qui fait rire Arnow, qui n'aime rien tant que se filmer plein cadre affublée d'un costume de cochonne ou sucer un homme inexpressif. Mais le spectateur est pris dans un marasme qui joue contre le camp du film, dans cet humour juif poussé dans ses retranchements, et ressort avec une sale migraine de ce bazar. 

 

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