Izzy et Sam (Crossing Delancey) (1988) de Joan Micklin Silver
On avait été plutôt positivement surpris par les deux précédents films vus de JMS alors mêmes que la trame de départ et l'esthétique vintage ne paraissaient pas ultra-folichonnes... On s'attaque à cette comédie des eighties avec la même petite moue dubitative : peut-elle parvenir à la même finesse d'humour d'un Woody (Silver laissant manifestement totalement baigner ses œuvres dans la communauté juive new-yorkaise), ou peut-elle égaler la drôlerie d'un Quand Harry rencontre Sally avec ce titre qui semble lui faire de l’œil ? Eh bien la réponse est définitivement non. Notre héroïne, intellectuelle travaillant dans une librairie, célibataire, va se retrouver entre deux choix masculins : celui qui, sur le papier voire physiquement, ne fait guère rêver - il a certes, apparemment, un bon cœur mais ce vendeur de cornichons semble plus près de ses bocaux que du monde littéraire ; et celui qui, sur le papier semble valoir plus le coup (normal, il est écrivain) - si, physiquement, il ne fait guère plus rêver, il possède un certain charme créatif qui plaît aux dames... Izzy hésite donc entre Sam le cornichon (un mix entre Chabat et Dustin Hoffman) (le titre donnerait-il une indication subliminale quant à son choix final ?) et Anton le littérator, rêvant de ce dernier qui pourtant papillonne et retournant vers l'autre comme on retourne, faute de grive, à ses croquettes... Des amours un peu opportunistes qui, on le sait depuis Rohmer, mènent généralement à l'échec total... Outre ces deux gars qu'elle croise d'une soirée l'autre, on la suit dans sa petite vie quotidienne entre salon lecture, cérémonie de coupage de prépuce et repas roboratif chez sa grand-mère qui la couve... Le problème de toute comédie romantique, comme on l'a dit, c'est au moins de faire rire... Si Izzy, comme le note d'ailleurs comiquement ses collègues, s'affuble d'un chapeau à la Anny Hall, cela, malheureusement, ne suffit pour atteindre le début de la cheville du maître... On grimace avec le Sam quand elle l'envoie un peu trop paître, on grimace avec l'Izzy quand l'Anton se fout, ouvertement, un peu trop de sa gueule et abuse d'elle, mais nos zygomatiques se figent en ce rictus crispé, n'allant jamais plus loin. On sent que Silver essaie de charger un peu la mule dans ses clins d’œil appuyés à sa propre communauté (l'excès de bouffe, le romantisme suranné, l'éternelle sensation de déception...) mais cela ne suffit pour nous faire accrocher à cette très molle romance qui baigne dans une aigre saumure. Silver nous laisse cette fois-ci de marbre.