Los días perdidos (1963) de Víctor Erice
Aujourd'hui papa est mort. Enfin c'était sûrement hier, voire même avant vu que, lorsque l'héroïne retourne en ses terres à Madrid, le pater est déjà enterré. Victor Erice nous fait suivre les déambulation de son héroïne dans la capitale espagnole et celle-ci semble autant apprécier que votre serviteur venant faire un tour à Moulins (03) : voisins qui caquettent dans votre dos à votre passage, vieille amie aussi passionnante qu'un missel, ancien amant qui se fait lourdement entreprenant. Notre jeune femme, qui a fait sa vie à Paris avec son Jean-Pierre et un gosse, ne semble pas forcément mener une vie trépidante mais ce retour sonne définitivement le glas de son passé... Si elle finit par pleurer devant la tombe de son père, ce n'est point par émotion mais par simple compassion : comment a-t-elle pu l'abandonner à son sort en ces lieux ?... Il y a quelque chose d'un tantinet antonionesque dans cette errance urbaine avec son ex-amoureux, en particulier dans ces cadres (photogramme ci-dessous) qui isolent les êtres dans ce froid décor de pierre. Une vague tristesse filtre par tous les pores de ce moyen-métrage formateur, avec un retour aux sources aux allures de douche glaciale. Avant de songer à la lumière, le Victor semble s'être quelque peu complu dans une certaine grisaille. Bel essai triste.