LIVRE : Zone 1 (Zone one) de Colson Whitehead - 2014
/image%2F0405316%2F20241123%2Fob_4388c0_81c-xscj9fl-uf1000-1000-ql80.jpg)
Colson Whitehead nous plonge dans un univers de zombies et on se marre jaune... Du jour au lendemain, ce fut le déferlement sur le monde et les zombies de se reproduire plus vite qu'une famille catholique du haut Cantal... Les derniers survivants tentent de s'échapper, de se cloîtrer, de vivre en communauté, avant de gagner des bastions protégés tels que celui de Buffalo situé à New York... La fameuse Zone 1 a été vidée par les militaires de la plupart de ces zombs, ne restent dorénavant que quelques "trainards" (des zombies qui sont restés bloqués sur leurs anciennes habitudes tel ce prof qui ne fait que tourner autour de la machine à café - vous n'êtes pas obligé de rire) que des groupes vont exterminer lors de missions quotidiennes pour totalement nettoyer la zone... Mais aux murs de ce bastion, chaque jour, les zombs se font de plus en plus nombreux... On suit sur trois jours la trajectoire d'un certain Mark Spitz (des relations avec le nageur ? of course...) qui revient sur son passé : cette fameuse "dernière nuit" d'Apocalypse où chacun tenta d'échapper à l'attaque zombiesque (il assista ainsi à l'attaque de sa mère sur son père avant de fuir) et ces quelques semaines d'errance à travers le pays pour trouver un endroit sûr : des rencontres, des coups de cœur et surtout des coups de dents mortels...
Whitehead, en ne cessant d'ouvrir des brèches dans son récit (les flash-back pullulent comme pour mieux faire ressentir la perte de cette "vie d'avant" et les traumas de ces dernières semaines où chacun ne peut compter le plus souvent que sur lui-même et sur son propre instinct de survie), nous perd quelquefois un peu en route, rendant la progression de son récit un peu laborieuse. On prend tout de même un vrai plaisir à découvrir cette énième vision zombiesque : le récit n'aurait sans doute point déplu à un certain Romero (sans pour autant que Whitehead ait besoin d'appuyer sur l'aspect "sociologique" de cette soudaine vague de destruction), tant l'on sent un petit regard caustique porté sur ces zombies : outre ces "trainards" qui mènent une existence larvée (mais n'était-ce point déjà le cas avant ?), ce monde qui se dévore lui-même progressivement peut être perçu comme une véritable parabole de notre belle société : n'était-ce point inéluctable, inévitable, en un sens... Seuls quelques bras cassés plus ou moins malins semblent avoir évité le carnage : cela constituerait-il une chance pour se lancer dans de nouvelles expériences de vie ? le foirage des micro-communautés qui tentent de résister aux zombs ne n'offre pas non plus une vision très optimiste quant à l'avenir de notre humanité... Mark Spitz porte lui-même un regard relativement laconique sur ce monde d'avant, de maintenant et d'après : une subtile ironie traverse ainsi ce récit, une ironie qui suinte par tous les pores purulents de ces zombs totalement déclavetés. Une Zone, au final, où l'on se perd, certes, parfois un peu en route mais qui nous fait également ressentir, chemin faisant, la trajectoire merveilleusement foireuse de notre belle humanité - et son sombre avenir. Bel essai zombiesque.