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6 novembre 2024

LIVRE : Vivarium de Tanguy Viel - 2024

"Rien ne me retient jamais autant, quand j'ouvre la Recherche, que cette sérénité narrative par laquelle Marcel semble se promener si calmement, si innocemment, dans le monde, comme assis sur un tapis volant - tapis qu'il ne fait pourtant que tisser lui-même au fil des pages mais qui l'absente discrètement de chaque scène, comme si tout ce qu'il racontait se passait à quelques mètres en dessous de lui ou mieux encore, derrière une glace sans tain".

 

Notre ami Tanguy (on peut se permettre, dorénavant : la preuve en image) s'essaie à l'essai, au recueil de pensées et si cela ne nous offre point son recueil le plus divertissant, cela permet de le découvrir sous un autre angle, comme un être proche de la nature (on oserait presque dire, au vu de certains passages, gionesquement panthéiste), proche de ses frères littérateurs (moult citations viennent émailler ces pages, des classiques (Épictète, Pétrarque, Aristote...) aux contemporains (Ponge, Rilke, Benjamin...) en passant par Dickens ou Woolf...), comme un être disert sur son rapport à l'écriture ou encore sensible aux particularités de chaque endroit visité...

 

Viel, on le sent, s'applique à tisser de longues phrases qui suivent le flux de ses pensées, s'applique à définir généralement en un paragraphe nourri, une idée, une impression, un sentiment, un éclair... On peine un peu au début à rentrer dans cette œuvre puis, de fil en aiguille, découvrant parfois justement un fil ténu, un thème commun entre chaque pensée minutieusement classée, on se laisse bercer par ces descriptions précises d'un paysage de bord de Loire ou par ce sentiment qui l'habite lorsqu'il se retrouve à Brest, entre terre et mer. Si l'on perd parfois, aussi, un peu le fil de ses réflexions, notamment sur son rapport à l'écriture (on sent bien qu'il s'agit ici d'une sorte d’œuvre de transition : retournera-t-il à la fiction ou se contentera-t-il, à partir de maintenant, de ce genre de recueil plus en phase avec son humeur du jour, d'un jour ?), on apprécie tout aussi pleinement cette capacité à décrire ses impressions lorsqu'il découvre un paysage à travers les vitres d'un train  (Nabokov eut apprécié) ou à nous parler avec passion de ses écrivains, de ses penseurs de référence (intelligent passage comparatif sur Proust et sur Kafka pour n'en citer qu'un). Un vivarium dans lequel on prend plaisir à aller la pêche aux idées, quitte à rater quelques réflexions, et dans lequel on prend plaisir quelques minutes, de ci de là, à se plonger en apnée littéraire. Vaille que Viel.

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