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11 novembre 2024

Lake Mungo de Joel Anderson - 2008

Intéressant petit film d'horreur, en cela que, contrairement à 99% de ses collègues, il est intelligent et sensible. Pas de volonté de spectaculaire à tout prix, pas de sursaut dans votre fauteuil, pas de tentatives d'explications ésotériques là-dedans : Lake Mungo préfère à l'éphémère jump-scare diffuser tranquillement son angoisse, et charger ses fantômes d'une certaine mélancolie, d'une certaine tristesse, renvoyant ainsi à une imagerie anglaise et baroque du thème. A priori on est dans un genre très balisé : le found-footage, en l'occurrence ici le vrai-faux documentaire, sensé nous raconter une histoire édifiante advenue à la famille Palmer. Leur fille se noie accidentellement dans un lac, mais son fantôme revient systématiquement hanter la famille, ni menaçant ni dangereux, simplement là, omniprésent. Ses apparitions sont documentées dans un mélange impressionnants de sources : films amateur familiaux, photos, images de caméra surveillance, entretiens face caméra, enregistrements au téléphone portable... Tous les moyens sont bons pour livrer des images la plupart du temps bien crasseuses, où, au détour d'un mouvement de caméra, à la faveur d'un recadrage, on voit apparaître notre Alice, figée et seule dans un couloir de la maison ou sur la rive du lac. A la fois effrayant et doucement touchant, ce fantôme est en fait l'expression du mal-être familial, qui va se révéler peu à peu, le symbole de l'impossibilité du deuil ; mais aussi peut-être aussi représente-t-il une critique des fake news, de la manipulation des images, voire de notre propension à croire au paranormal, à nous faire peur.

Pas rien, donc. Anderson creuse vraiment le thème du fantôme dans toutes ses dimensions, mythologiques, historiques, sociales, et réussit un film à la fois relativement profond et assez flippant. Comme certains de ses illustres prédécesseurs (on pense beaucoup à Paranormal Activity, notamment), Lake Mungo joue sur la suggestion. On n'y voit pas grand chose, mais notre imagination fabrique un film effrayant pour compenser la mauvaise qualité des images : est-ce bien un fantôme que j'ai aperçu pendant une demi-seconde dans un coin de l'écran ? C'est moi, où le rideau a bougé ? Le film témoigne d'une bonne intelligence du genre, qui sait que rien n'est plus terrifiant que de croire avoir vu quelque chose, l'imagination du spectateur étant dix fois plus puissante que toute image horrifique qu'on nous donnerait à bouffer. Pris tel quel, il est assez quelconque, voire même ennuyeux ; mais nos fantasmes l'habillent d'horreur, c'est très malin. Dommage que la mise en scène du film et la direction d'acteurs ne parviennent pas toujours à entretenir l'illusion du vrai. Parfois la main est un peu lourde (toute la fin avec son explication moisie), la répétition des effets devient un peu lassante, et les acteurs sont parfois un trop faux pour qu'on croit réellement à cette histoire. Mais il y a un vrai amour du genre là-dedans, et une belle intelligence dans l'exécution, qui tendent à prouver que si le cinéma australien est la plupart du temps horrible, les cinéastes nationaux ne sont pas mauvais dans le registre de l'horreur (The Descent vient aussi de ces contrées).

 

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