La Mission du capitaine Benson (7th Cavalry) de Joseph H. Lewis - 1956
Sale temps pour le capitaine Benson. Il s'absente du fort deux minutes pour aller chercher sa fiancée, et quand il revient l'intégralité ou presque du régiment s'est fait décimer par les Sioux et les Cheyennes lors de la célèbre bataille de Little Big Horn dirigée par Custer. Il n'en faut pas plus pour faire peser sur lui des suspicions bien lourdes, comme quoi il aurait été au courant de l'attaque et se serait enfui comme un lâche. D'autant qu'il défend la tactique de Custer à l'encontre de tout le monde. Dès les très belles premières séquences, on est mis dans le bain de ce beau western académique mais original : il s'agit d'utiliser un fait historique réel, et d'en faire découler une situation délicieusement tendue. Du coup, d'une pierre deux coups : on est édifié au niveau du cours d'histoire, et on en a pour son argent en matière de glamour. Très vexé par sa réputation de couard, Benson accepte une mission quasiment suicidaire : aller récupérer les cadavres de ses compatriotes (dont celui de Custer) sur le champ de bataille pour leur donner une sépulture décente. Sachant que le terrain est en plein territoire indien, et qu'il choisit pour l'aider tous les bras-cassés, soudards et alcoolos du régiment, on ne donne pas très cher du scalp de notre héros, qui va effectivement traverser moult épreuves avant de se refaire sa réputation : attaques d'Indiens, dissensions dans son groupe, tentatives de meurtre, le seau de popcorns n'y suffira pas.
Le film démarre dans une impressionnante ambiance macabre, un fort vidé de ses habitants, uniquement occupé par quelques ivrognes, et tout à coup cette colonne de survivants qui déboule. Une fois cette spectaculaire ouverture passée, on a droit au procès de Little Big Horn, avec ce qu'il faut de réflexions morales et de conjectures tactiques. Puis c'est la partie action pure, avec notamment deux bagarres à mains nues bien impressionnantes : l'une contre un Indien qui doit être de Périgueux, l'autre avec un félon qui se rebelle contre Benton. Les coups de poing font vraiment mal, et la musique pompière mais efficace de Mischa Bakaleinikoff accompagne bien la chose. C'est enfin le moment de bravoure, moins réussi celui-là compte tenu de l'attente : la rencontre avec les Indiens, et leur tactique pour se débarrasser de ces blancs qui viennent déranger leur beau champ de bataille. La conclusion de tout ça laisse rêveur, certes, et on se dit que c'est vraiment prendre les Indiens pour des truffes ; mais on apprécie le vaste tableau coloré, l'ampleur de la vision, et la parfaite restitution de l'espace. Bref, il y a là de quoi se satisfaire, malgré la mise en scène sans invention, malgré les dialogues un peu patauds, malgré la déception de la fin. C'est l'immarcescible Randolph Scott et son balai dans le fondement qui interprètent le capitaine bafoué mais fier, raison de plus de donner un petit satisfecit à ce western de série, qui en plus d'être relativement palpitant, nous en apprend pas mal sur cette bataille légendaire, sur la hiérarchie des militaires américains et sur les tactiques de guerre des Indiens. Pas mal.