Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
OPHÜLS Marcel
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
30 octobre 2024

The Apprentice d'Ali Abbasi - 2024

Mes respects sont acquis à priori à ces combattants qui sont capables de fabriquer un film dans l'urgence, dans le seul but de sauver la démocratie, comme un geste nécessaire et militant. C'est le cas de The Apprentice, véritable cocktail-molotov envoyé à la tête de Trump et de ses partisans. Abbasi ne prend pas de pincettes pour dresser un portrait du président orange dans son ascension, depuis la "candeur" de ses débuts jusqu'à son arrivée en tête du monde capitaliste américain. D'où vient en effet ce clown capable des pires excès, adepte des débordements fascistes ou masculinistes, traitant la fausse information et l'insulte en esthète, prêt à absolument tout pour gagner, pour faire partie des "tueurs", pour s'enrichir et piétiner les autres ? Si on en croit ce film, qui a l'air bien documenté, le fascisme de Trump est né et s'est développé sous l'influence d'un sinistre personnage de l'ombre : Roy Cohn, avocat sans scrupule et sans limite, acoquiné avec la pègre, capable des pires manœuvres pour gagner ses procès, et qui prend sous son aile ce jeune candide qu'il devine aussi cupide et sans pitié que lui. D'abord bon élève et admirateur sans fard de de ce caractère hors-norme, Trump va peu à peu dépasser le maître et devenir le monstre qu'il est aujourd'hui, trahissant tout et tout le monde sans aucun scrupule, mordant la main qui l'a nourri et élevé. En parallèle, on suit ses positionnements par rapport à son père dominateur, à sa femme cupide, à son frère loser, et surtout on voit son empire s'étendre, à force de coups d'éclats, d'audaces, de calomnies et de tactiques douteuses. Si avec ça les gens votent encore pour lui mardi, on ne peut plus rien pour l'Amérique.

Le film est vraiment passionnant pour ce qu'il raconte de l'état du pays à travers cette figure guignolesque. En s'appuyant sur l'ascension de Trump, il parvient à questionner le fameux "rêve américain", les limites du libéralisme et du capitalisme, et donne un portrait monstrueux de l'Amérique, terre de liberté absolue peut-être mais au prix de la violence, de l'inégalité, du piétinement des uns par les autres. Par-delà l'attaque contre l'homme, il y a une attaque contre le système qu'il défend, et le film se fait volontiers assez triste (avec sa jolie photo automnale) quant à l'état d'une société tellement avide de réussir qu'elle en oublie toute valeur humaine. Critiquer Trump, c'est critiquer la société qu'il nous prépare, montrer en quoi sa nature est à l'opposé de celle des gens qui votent pour lui, montrer en quoi sa mentalité est basée sur de bien rances idées (masculinisme, racisme, vulgarité, violence, rejet de l'intellectualisme...) Si le scénario de Sherman est remarquable, intéressant, si on y  apprend plein de trucs, il en va malheureusement différemment de la mise en scène d'Abbasi, assez dégueulasse : plans d'une demi-second montés façon mitraillette, lourdeur des cadres qui viennent prendre systématiquement les petits tics de jeu des acteurs, classicisme qui confine à l'académisme dans la façon de filmer les décors, on tique bien souvent devant les grosses ficelles de la réalisation, qui sacrifie un peu tout au spectaculaire.

Abbasi semble fasciné par Jeremy Strong, qui interprète le funeste Roy Cohn : c'est vrai que son travail est impressionnant, mais il est aussi très apparent ; le gars choisit une méthode Actor's Studio et il tient à ce que ça se sache. Il use et abuse donc de pirouettes d'acteurs, que la caméra s'empresse de cadrer, fasciné par ce jeu très américain. On préférera Sebastian Stan, qui campe un Trump sans caricature : c'est à peine si on perçoit de temps en temps un serrement de mâchoire ou un geste des mains si typique du gars. Il choisit plutôt la voie de la simplicité et de la sobriété, soulignant ce destin incroyable d'un humour bienvenu, et il est vraisemblable et vraiment excellent. Pour mon gars Shang, je relèverai aussi la présence de Martin Donovan, qui a pris quelques rides depuis Hal Hartley. En tout cas, avec cette belle bande d'acteurs, avec ce scénario tenu et intelligent, avec cette fièvre d'en découdre qui imprègne le film, on a droit à un excellent moment, dont on aimerait qu'il se développe en série histoire de bien s'attarder sur chaque détail de ce destin à la fois monstrueux et emblématique de l'Amérique.

Commentaires
T
Le scénario n'est pas d'Abassi mais de Gabriel Sherman.
Répondre
G
C'est exact, Tom
Derniers commentaires
Cycles
Cycle Collection Criterion 1 2 3 4 5 6 7
Cycle Cinéma Japonais 1 2 3 4 5 6 7
Cycle Festival de Cannes 1 2
Cycle Western 1 2 3
 
 
Best of 70's      80's      90's      00's      10's
 
Ecrivains