Motel Destino (2024) de Karim Aïnouz
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Karim Aïnouz, sélectionné à Cannes en compète officielle, a déjà été évoqué deux fois dans ces colonnes : pour La Vie invisible d'Eurídice Gusmão que j'avais trouvé plutôt pas mal, et pour THF : Central Airport que mon comparse avait trouvé raté... Force est de constater que, sur ce coup, la pièce tomberait plutôt du côté Gols. Motel Destino est l'histoire moite et sensuelle d'un gamin d'un vingtaine d'années, orphelin, tueur à gage d'occase, qui trouve refuge dans un motel suite à une mission qu'il a salement foirée (je vous passe les détails)... Recherché par ces employeurs, il se calfeutre dans ce motel de passe et devient le protégé du couple de proprio du motel... Que pensez-vous qu'il va se passer ? Qu'il va se taper la donzelle alors même que son mec n'est pas du genre à rigoler rigoler ? Bingo, et c'est parti pour un truc déjà vu mille fois : les parties de baise en cachette, la menace qui se rapproche, les amants qui fomentent et l'odeur de soufre de la tragédie qui transpire par tous les pores des personnages...
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Filmé dans des couleurs souvent primaires (putain de néons de motel), on assiste entre deux scènes de seks à cette complicité in progress entre notre jeune Heraldo tout feu tout flamme et sa maîtresse qui fait valser short et bikini dès que son moustachu de mari est en goguette. La bande son se veut "électrifiante" (de la guitouse qui se la pète) mais on perd assez vite patience devant ce scénar cousu de fil blanc... Comment vont-ils se faire pécho ? Comment va réagir le mari qui est déjà ultra vénère de naissance ? Comment nos Adam et Eve de fortune vont-ils jouer leur destin dans ce motel qui porte, ouhlàlà la coïncidence, un nom sacrément adéquat... C'est du huis-clos moite, avec cri d'orgasme jour et nuit, pute filoute et gun qui pointe, une sorte de série B un peu gonflée à la sauce brazzzzill. Ça sent la transpi et ça pue aussi un peu des pieds. Post coïtum, motel tristoune et ennui mortel. Pas ma came, this time. (Shang - 12/10/24)
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Un film pour pas grand-chose, on est bien d'accord, si ce n'est pour faire passer une soirée pas trop désagréable (ou terminer mon projet de voir tous les films projetés à Cannes en 2024 et ainsi faire mon propre palmarès). Aïnouz traficote une série noire hyper-classique comme en pondaient les bons faiseurs de la littérature pulp, avec tous les éléments incontournables et usés jusqu'à l'os du genre. On pense notamment beaucoup au Facteur sonne toujours deux fois dans ce trio mortifère embringués dans une spirale de destruction. Bref, comment faire du neuf avec du vieux ? En fabricant une mise en scène qui se veut moderne, musique électro, photo pop, couleurs primaires, sexe sans fard, répond le cinéaste, qui ne se rend pas vraiment compte que cette esthétique chic et choc est déjà bien ringarde et peut ressembler à ce qui se faisait en matière de modernité dans les années 80... Mais on dira tant pis, avec bienveillance : ce côté désuet de tout participe au charme très vintage de ce tout petit film qui se suit agréablement. Il y a même un côté télénovelas dans ces choix, un aspect clipesque assumé pleinement par Aïnouz, qui clame ici son amour pour cette sous-culture populaire. Les personnages sans envergure, les acteurs sans charisme, le scénario sans grandeur finissent par ennuyer malheureusement, mais les choix esthétiques sont personnels et forts. Même si le sexe semble imprégner chaque centimètre de pellicule de ce film (les cris de jouissance très exagérés en bande-son), il est curieux que la chair, le corps, le désir en soient si absents, comme si le sexe n'était qu'un prétexte un peu putassier, un motif pour le coup manquant de sincérité. Bah, n'en rajoutons pas : Motel Destino est vraiment pas terrible, mais il a ce je ne sais quoi d’authentique qui lui fait éviter l'enfer pour autant. (Gols - 17/05/25)
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