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2 novembre 2024

Camping du Lac (2024) de Éléonore Saintagnan

En cherchant parfois des petits films qui viennent de nulle part (la Belgique ? vous connaissez ?), on tombe sur des pépites. Et puis parfois cela fait juste flop. C'est le cas de cette chose ultra-minimaliste qui ne part pas d'un mauvais sentiment (un camping breton, son lot d'hurluberlus (sa faune), son lac et sa silure) mais qui se révèle aussi passionnant que la plaine bourbonnaise... On se dit pourtant, au départ, tiens, voilà un petit ton original : une femme, en solo, à la recherche de la mer : une panne de voiture et elle échoue dans ce camping perdu ; elle y narre la légende locale (Saint Corentin et son poiscaille qui se régénère : passionnant !), la légende vivante (un énorme poisson vivrait depuis dans le lac) et l'équipe de solitaires (mais solidaires !) et de bras cassés qui ont échoué dans ces mobil-homes pour la vie... Une fois cela posé (cela prend du temps... oh le bluesman ricain qui attend sa fille, oh l'esthéticienne qui a plutôt une tête à s'appeler Jean-René, oh la femme-fontaine qui s'ébat avec les poissons dans le lac...), on attend qu'une ligne narrative se dégage, ou tout du moins qu'un truc se dégage, ou tout du moins qu'il se passe quelque chose... Mais on s'enlise, à l'image de ce lac d'ailleurs (victime de son succès ?), qui perd peu à peu ses eaux : une immense étendue de boue s'étale là sous nos yeux guère ébahis et nous voilà las, attendant patiemment comme des glands un générique de fin (heureusement le bazar dure à peine plus d'une heure). Une œuvre pas méchante, non, juste terriblement lassante dans ces petits portraits humains à peine esquissés qui ne laissent pas plus de trace qu'un pneu sur l'asphalte. Plan-plan flots bleus...  (Shang - 22/10/24)

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Même curiosité que mon camarade : j'ai vu ce film inconnu au bataillon en même temps que lui. Et j'en tire en gros les mêmes conclusions. Trop petit, trop anecdotique, Camping du Lac passe comme un zéphyr, agréable certes, mais pas plus profond. Saintagnan a du ma à trouver son style, sa voix dans cette petite errance bon enfant et un peu trop mièvre, accumulation de scènes trop superficielles, ou trop volontairement décalées pour être honnêtes. Je relèverai toutefois un truc qui m'a bien plu, et qui fait que j'aime légèrement plus le film que mon gars Shang : le traitement très original de la frontière entre fiction et réalité. Le film a tous les airs d'un documentaire, jusque dans son image, jusque dans son économie. La réalisatrice joue de cet aspect pour mieux faire rentrer "en force" la fiction dans son récit. C'est d'abord la longue séquence de ce saint qui parle aux poissons, parenthèse assez hallucinante qui mélange la fiction médiévale et les éléments modernes (le jeu d'acteur, les dialogues). Mais on comprend vraiment l'intention lors de quelques autres scènes où Saintagnan se sert d'images documentaires pour développer une fiction à la limite du merveilleux. Prenez une fest-noz traditionnelle, filmée en reportage ; enlevez la musique bretonne et mettez par-dessus une musique techno ; ajoutez une vox off qui vous explique qu'on est en train d'assister à un rituel pour rendre hommage à un poisson mythique : vous aurez transformé des images "innocentes" en vecteur de rêve, un peu à la manière des Documents interdits de Jean-Teddy Filippe. Plus loin, la même chose se fait avec un feu d'artifice, filmé comme un événement étrange, magique ; ou avec un bluesman qui chante sur une barque, manière de faire rentrer l'imagerie américaine dans ce film très belge. Le film ne cesse de faire pénétrer le rêve, le merveilleux, la fiction, à l'intérieur d'images objectives, réelles, et ça crée un joli projet : enchanter le monde, lui donner un aspect plus beau que la réalité. Dommage que la mise en scène ne suive pas toujours cette voie, que la réalisatrice manque un peu d'épaule pou filer son projet jusqu'au bout : le film se perd dans des petits détails sans intérêt, ou met deux pieds bien lourds dans le fantastique pur (la fin), et casse ce bel équilibre qu'il trouve parfois. Intéressant, mais raté.  (Gols - 02/11/24)

 

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