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31 octobre 2024

Anora de Sean Baker - 2024

Minuscule Palme d'or cette année, à croire que le festival de Cannes ne proposait que des navets (ce qui est faux). Cet Anora n'est pas mauvais, certes, il est même dynamique, bien joué, parfois drôle, mais on y assiste sans aucune passion, sans être titillé en aucun endroits, assez consterné je dois dire par l'absence totale de fond de la chose. C'est un petit objet même pas très bien fait, mal ficelé, maladroit, qui contient ça et là quelques trucs sympas, mais trop rares pour marquer. La première heure déjà est très agaçante : on y contemple longuement, très longuement, très très longuement, la vie trépidante d'une strip-teaseuse. Travellings complaisants le long des box où ces messieurs viennent se dévergonder en côtoyant les culs de ces dames, documentation sur l'intimité de celles-ci, entre jalousies et copinages, gros plans fatigants sur les avantages des girondes demoiselles pris dans les faisceaux rose fluo des projecteurs : en 2024, le regard très concupiscent de Baker, dérange un peu, surtout qu'il ne sait pas couper. Au bout de 10 minutes, on a compris et on est prêt à découvrir l'histoire qui va découler de ce contexte ; mais notre homme passe une heure à contempler des culs, et nous plonge d'entrée de jeu dans un morne ennui.

Ensuite ça s'accélère un peu, puisque l'héroïne du film, Anora donc, se laisse séduire par le portefeuille bien garni d'un jeune héritier russe et accepte de se faire mettre une bague 4 carats au doigt. Le conte de fées en carton ne dure pas, puisque aussitôt la famille du jeune loup envoie ses sbires pour faire annuler le mariage. S'ensuit une deuxième heure consacrée à la bagarre qui s'engage entre Anora et ces hommes de main dépassés par son verbe haut et ses ruades de pouliche, puis à la recherche du mari enfui dans les lieux interlopes de la ville. Les frères Safdie ou le Scorsese d'After Hours traînent dans les coins : on traverse une nuit infernale, épuisante pour les yeux et les oreilles, censée être drôle et légère mais qui est finalement assez sinistre et pas très bien écrite. Baker est malhabile, est dans une valse hésitation entre la comédie et le drame. Les séquences qui se voudraient échevelées (le saccage d'un appartement par la résistance d'Anora à se laisser soumettre) manquent d'imagination, sont assez poussives, sans personnalité. D'autant qu'encore un fois le cinéaste ne sait pas couper, et propose des séquences dix fois trop longues pour le peu de choses qu'elles ont à dire. Au final, le film dure une bonne heure de trop.

Qu'est-ce que ça veut dire finalement ? Pas grand chose. Le personnage principal, peu sympathique, est l'archétype de la soumission féminine aux hommes, à l'argent, au regard masculin ; elle ne sait réagir qu'avec son corps, et passe tout le film à subir ce qui lui arrive. Peut-on, en cherchant bien, y déceler un discours féministe ? Peut-être, mais alors mal pensé, puisque la première heure est bien trop fasciné par les culs féminins pour ce féminisme soit bien sincère En écartant un peu, on peut se dire que tous les personnages sont eux-mêmes soumis, certains à leur famille, certains à leur patrons, certains à leur réputation. Peut-on alors lire le film comme un essai sur la domination ? Mmmmm, mais alors pas assez développé. Je crois plutôt que tout ça est bien dénué d'intérêt, que Baker ne sait pas trop ce qu'il veut raconter, et que cette récompense à Cannes a dû bien lui scier les pattes. Car même au niveau de la mise en scène, c'est bien terne, dans le cadrage surtout (moche), dans le montage aussi. Que reste-t-il de ce film : des comédiens honnêtes, quelques détails fugaces assez drôles, et c'est tout. Très déçu.

 

Quand Cannes, 

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