Flow : Le Chat qui n'avait plus Peur de l'Eau (Flow) (2024) de Gints Zilbalodis
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J'avoue avoir un peu moins tendance ces derniers temps à me pencher sur les derniers dessins-animés... Je me suis laissé tenter par cette œuvre lettonne sélectionnée cette année à Cannes à un Certain Regard par simple goût profond pour les chats noirs... Grand bien m'en a pris car la chose se regarde avec la même fluidité qu'une cascade au printemps. La comparaison, diable, tombe plutôt bien ici car c'est justement le sujet du film : suite à une inondation digne du déluge (dans un monde où l'on ne croise déjà plus d'humain, c'est reposant), un chat va tenter de sauver sa peau... Il réussit à grimper sur une barque et sera rejoint, dans son périple sur les flots, par un labrador, un maki, un ragondin (pardon, un capybara... c'est tout pareil ces sortes de castor à grosse tête) et un échassier méchant comme une teigne... Il va bien falloir que nos cinq animaux collaborent un minimum pour ne pas tomber à l'eau...
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Si l'histoire en soi n'a rien de forcément ultra-accrocheur, bienheureusement le rythme haletant de la chose y pallie. Au rayon des bonnes nouvelles, on peut également être chaviré par la beauté et la précision des mouvements animaliers, par l'absence de toute parole humaine et par la finesse de l'utilisation des miaulements (quoi de plus expressif qu'un miaulement de chat noir ? Autant le chien ou le maki sont un peu frustes dans leur moyen de communication, autant le chat possède des milliards d'intonation...), par le côté absolument somptueux des décors et des animations dans l'élément liquide en particulier, par la musique très entrainante et subtilement gérée, ou encore par "les mouvements continuels de la caméra" qui dynamisent encore plus cette "mise en scène" captivante... Seul petit point d'ombre sans doute au tableau visuel, le "painting" un peu primaire des animaux avec ces nuances de ton un peu grossière - tout ne peut pas être parfait... Pour le reste, on est véritablement pris dans ce "flux" du récit et par ces relations plus ou moins tendues entre nos cinq animaux principaux au caractère bien marqué : un chat intrépide et souvent surprenant dans ses réactions (un chat noir, quoi), un gros con de labrador tout chafouin, un maki égocentrique et possessif, un oiseau dominateur et imposant, un ragondin très bonhomme (il doit faire une fois "rrrouuuaf", le truc, avant de s'écrouler pour dormir - une belle dynamique) ; on se dit que, oui, tu mets cinq hommes à la place, tu as cinq morts. Nos bêtes, elles, bien qu'ayant des comportements pour le moins retors, parviennent à cohabiter, malicieusement, empathiquement, sans jamais pour autant que l'auteur tombe dans le mièvre. Au final, une belle et vraie découverte lettonne (tu m'étonnes) fin octobre dans nos salles françaises. (Shang - 25/09/24)
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Une nouvelle fois d'accord avec mon camarade : c'est une petite merveille, un film avec des animaux qui les regarde enfin à hauteur d'animal. Malgré quelques comportement humains (une grue qui conduit un bateau quand même), il n'y a que très peu d'anthropomorphisme là-dedans. Zilbalodis semble au contraire avoir patiemment observé les bêtes, leurs caractères, leurs mouvements, leurs petites spécificités, pour fabriquer un film d'aventures à leur rythme, en totale empathie pour eux. Le rythme est lent, d'une grande poésie : on a tout le temps d'observer ces splendides paysages (la ville engloutie de la fin est une tuerie) ou les mouvements de l'eau. Le film parle discrètement du péril écologique, ne cachant pas son fatalisme quant à la possible survie des humains : après le déluge, rendue à sa beauté première, la Terre sera uniquement peuplée des animaux qui ont survécu, et elle ne perdra rien au change. Les traces d'humanité sont désormais des vestiges, comme des restes d'un empire perdu, Flow est à la fois mélancolique dans ce pessimisme et plein d'espoir dans l'entraide animale. C'est une histoire de solidarité, chacun apportant sa petite pierre à l'édifice de la survie, et franchement on est touché plus souvent qu'à son tour par ces petites situations qui menacent notre petit chat (dont les miaulements pathétiques devraient vous arracher des larmes) et ses amis. Quelques décrochages abstraits (l'intervention de la baleine, le "départ" de l'oiseau, la toute fin) éloignent le film de trop de pragmatisme et le font rentrer dans la poésie pure, et nous on reste tout ému de ce petit film artisanal et tendre, plein de courage et de beauté. (Gols - 23/11/24)
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