Menaces sur la Ville (Racket Busters) (1938) de Lloyd Bacon
Un petit film dramatique mâtiné d'action et de contexte polardeux de la fin des forties : du tout venant ? Si Bacon ne se distingue pas franchement par sa façon de filmer relativement frontale, relevons tout de même au scénar la présence de Robert Rossen et au casting de l'incontournable méchant de l'époque, Humphrey Bogart, en tsar des voyous vraiment mal intentionné !!!! Mais derrière cet éternel combat entre "racketteur" (Bogart veut prendre le contrôle du transport routier et de la distribution de produit frais) et "incorruptible du gouvernement" (Walter Abel as Allison veut faire le grand ménage pour libérer le citoyen de toute manigance mafieuse), le personnage véritablement intéressant ici est incarné par un petit camionneur (George Brent) sans grande envergure au demeurant. Vivant avec la blonde platine Gloria Dickson, notre homme va connaître plusieurs phases : résistant contre Bogart (c'est un homme libre), puis faisant cavalier seul dans le business après avoir tout perdu, l'ami Brent va passer par tous les états - avant une éventuelle rédemption ? (of course) ; plus fidèle à sa blonde qu'à ses propres idées et amis proches, courageux quand il le faut contre la mafia mais s'écrasant par peur de tout perdre, le sens de l'opportunisme (ou de la survie ?) de Brent est sans doute la seule petite variable intéressante dans ce scénario cousu de fil blanc...
Bogart et Abel se prennent diablement au sérieux dans leur rôle écrit d'avance et on attend simplement la pétarade finale (vite expédiée) pour faire le bilan de ce petit polar qui repose plus sur un combat d'influence (qui va le mieux convaincre les camionneurs : la dignité, l'honneur contre le business au quotidien) que sur un rapport de force à grands coups de mitraillette... Un autre personnage, dans le giron de Brent, fera preuve d'adversité et gagnera notre respect (l'avorton Allen Jenkins qui sonnera la révolte - moins charismatique que Brent mais droit dans ses bottes jusqu'au bout : le véritable petit héros sacrifié...) mais on se raccroche comme on peut à ces quelques coups de gueule d'hommes en bas dans cette œuvre à la texture aussi molle qu'un Bogart se faisant masser (mais entouré tout de même d'hommes de main au rugueux faciès de qualité)... Petite série B vintage qui permet surtout au Bogie de travailler du sourcil. Le crime ne paie point ? On y croyait encore, at that time.