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22 août 2024

Jenny de Marcel Carné - 1936

Premier long-métrage de Marcel Carné et première collaboration avec Jacques Prévert aux dialogues : on peut dire que le cinéaste a eu du nez, puisque l'écrivain fait la plus grande partie de ce qu'il y a d'intéressant dans Jenny, poisseux mélodrame qui a bien mal vieilli. Ne se prenant pas encore pour le "grand poète pittoresque du Paris canaille", Prévert trousse en effet des dialogues assez fins, parfois proches du surréalisme dans leur étrangeté. Portés par des acteurs de seconds rôles tout à fait compétents (Jean-Louis Barrault, Robert Le Vigan, Charles Vanel), ils pétillent pas mal, et compensent par leur drôlerie le scénario pourri qui les contient. On reconnaît déjà le pessimisme crasse de Carné dans cette sombre et improbable histoire de maquerelle dissimulant ses activités derrière les apparences de l'honnête café-théâtre Rive Gauche. Françoise Rosay is the femme déchue, et manque de bol : sa fille lui annonce son arrivée à Paris après une déception amoureuse londonienne (jolie ellipse qui passe d'une chanson en anglais à la même en français pour montrer le voyage). Elle va dissimuler à celle-ci ses interlopes activités, et notamment son amant (fadasse Albert Préjean) qu'elle entretient au grand dam de ses complices en forfanterie. Ce qui devait arriver arrive : la jeune pouliche (transparente Lisette Lanvin) s'éprend elle-même du bellâtre, sans savoir qu'elle est en concurrence avec maman. Une mère est une mère : Rosay abandonnera l'homme à sa fille, mais ce sera sans oublier de passer par les affres et les yeux mouillants de rigueur (Joseph Kosma en appui au violon).

Pessimiste et noir, disais-je, et c'est le moins qu'on puisse dire : Paris est un ramassis de losers, de désespérés alcoolos, de voleurs du dimanche et de gigolos à trois sous, qui se croisent dans ce cabaret louche et enfumé, où les filles sont faciles et où les coups sont foireux. Dans ce petit monde louche, la petite Danielle est censée être la fleur dans le lisier, mais c'est petit à petit sa mère Jenny qui va se révéler la vraie biche sacrifiée de l'histoire. Bon, l'histoire est nulle, jamais crédible et mal rythmée, les rôles principaux sont tenus par des patates (y compris Rosay, que j'aime bien d'habitude : elle est ici caricaturale à mort, et son jeu parait bien démodé), et à la mise en scène Carné est encore timide comme une jeune fille. Heureusement il y a les artisans, les habitués des petits rôles, qui arrivent en quelques répliques à donner un peu de corps à la chose. Ici, c'est le génial le Vigan qui convainc le plus, dans son rôle de pervers sexuel entre ridicule et effroi : on l'adore, même quand il est comme ici en roue libre totale. Si on enlève ces sympathiques gueules, Jenny est super fade et très appuyé.

 

Commentaires
M
Houlàààà.... <br /> Mais ça va pas de nous infliger ça ????!!!!!!!
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