City of Darkness (Jiu Long cheng zhai - Wei cheng) (2024) de Soi Cheang
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Un peu d'action, que diable, ne peut nuire en ces journées chargées d'orage et de tension... C'est donc du côté chinois que l'on se penche, chez ce prolifique Soi Cheang célébré à Cannes cette année dans une sélection parallèle, Cheang dont on avait déjà goûté par le passé le film Accident. On se retrouve là face à une classique histoire de triades, au sein de ce "mur" de bâtiments de Kowloon destiné à disparaître après la restitution de Hong-Kong par les Britanniques à la Chine. On ouvre avec un combat entre trois chefs auquel on ne pipe pas grand-chose au premier abord, ce qui est assez normal puisque plusieurs flash-back reviendront sur ce combat "originel" pour expliquer les relations tendues entre les divers chefs de triade (avec au centre des tensions, l'existence d'un fils de... Bon, pas de panique sur les imbroglios du scénario, je pense que même Gols, peu adepte de ces trifouillis scénaristiques impossibles, pourra s'y retrouver - ceci dit sans condescendance aucune, sachant juste qu'il laisse généralement tomber l'affaire devant de telles acrobaties). Bref, un fils caché, un territoire de bric et de broc qui devient le centre de l'attention et des spéculations, autant dire que tous les chefs de la pègre, au sein de ce quartier ou venant des alentours, vont finir par se foutre sur la gueule avec une débauche d'énergie évidente...
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Si cette adaptation d'un manga ne brille pas particulièrement par la finesse de sa trame (on est entre hommes, exclusivement, et tout se règle dans la violence, point final), on peut tout de même apprécier au passage ce décor improbable, foutraque, typique, cette fourmilière humaine où chacun (dans des conditions d'hygiène un tantinet limite) vit les uns sur les autres, ce décorum urbain où les fils s'enchevêtrent à tous les niveaux et où l'on circule de haut en en bas comme dans un jeu vidéo. Un décor dans lequel auront lieu des combats d'anthologie, combats montés de main de maître par un Cheang fin connaisseur de la grammaire cinématographique au niveau du rythme et de la fluidité ; on s'attaque, se matraque, se fracasse en prenant tout ce qui traîne (tabourets, tables, couteaux de cuisine, morceaux de tôle...), les poings et les têtes des assaillants transpercent les murs comme si les murs étaient en sable, on fait des sauts (un peu abusés, les sauts...) avec la même dextérité qu'un Duplantis à la perche... On se marre devant ce carnage, s'attachant forcément au passage à ces petits combattants de pacotille qui ont tous leur point fort ou à ces boss qui ont chacun leur spécificité, leur caractère... Pas grand-chose de neuf, au-delà de cette maestria de la mise en scène, avec en toile de fond un discours un rien réac : aaah qu'il était bon ce temps, où certes, on vivait dans des conditions insalubres mais où chacun prenait le temps de jouer au mah-jong (entre potes) ou de mater une connerie à la télé en fin de soirée dans un bar avec tous les habitants du quartier, toutes générations confondues... Le Chinois a le droit d'être nostalgique, me direz-vous... Une réflexion qui ne va pas bien loin, l'essentiel étant bien sûr constitué de ces règlements de compte qui font dans la surenchère dans les charclages et dans la durée (ce "King", bordel, il est increvable et on finit par prier pour qu'il se prenne une comète lancée à pleine vitesse dans la tronche pour qu'il montre enfin quelques signes de fatigue). Un bon film de baston réalisé avec un savoir-faire indéniable. Soi(t). (Shang - 16/08/24)
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Bah on s'amuse bien et sans gros risque d'accident cérébral dans ce film de kung-fu con comme un pneu mais hyper efficace. J'avoue n'avoir jamais été fan de ces films d'action qui ne savent faire que dans la surenchère dans une orgie de cris de dinde, de musique tonitruante de mauvais goût, de plans d'un dixième de seconde et de grosses tatanes dans la gueule. Mais là, je ne sais pas, bien luné, rassasié en cette fin d'année, j'ai bien voulu me laisser prendre. Et ce qu'en dit Shang est parfait. Si je n'ai goûté qu'à moitié ce décor en numérique assez laid, qui copie les cités futuristes des films de science-fiction depuis 1912, si les scènes de calme m'ont mis au bord de la gerboulade (les femmes sont toutes des putes ou des vieilles, les potes rigolent en jouant au mah-jong dans la beauté du soir qui tombe), j'ai été moi aussi emballé par les scènes de baston, c'est-à-dire par 80% du film. Très rigolo effectivement de voir ces messieurs arracher tous les éléments du décor pour s'en servir d'arme à énucléer, castrer, découper, hacher, fendre en deux et couper les membres de leurs adversaires, qui se confondent dans un joyeux chaos. Comme prévu, je ne sais pas vraiment qui sont les méchants et les gentils, j'ai rien compris à ces histoires de vengeance de fils assassiné mais pas tant que ça, j'étais même plutôt du côté des vilains, beaucoup plus fun que ce héros agaçant ; mais je me suis bien marré à voir ainsi les lois de la pesanteur défiées, tout comme celle de la médecine moderne (ici, tu te ramasses 17 coups de couteau dans la tête, eh ben ça fait mal certes, mais tu retournes au combat dans la minute qui suit). C'est tellement démesuré qu'on se croirait plus dans le cartoon ou le jeu vidéo que dans un film (ce type qui dit seulement "Bouclier magiiiiique" pour être invincible, on est quand même dans le moins de 10 ans) ; mais c'est jouissif, et on a toujours envie que le plaisir se prolonge un peu plus, ce qui est rarissime au cinéma. Pas sûr que j'ai appris grand-chose sur la Chine moderne, mais je me suis bien défoulé. (Gols - 27/12/24)
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