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4 juillet 2024

A Man (ある男) de Kei Ishikawa - 2024

Très agréable, ce petit film nippon qui allie la finesse psychologique au polar, ménage des rebondissements tout en prenant tout son temps pour faire exister ses personnages, et parvient au final à nous captiver autant qu'il nous a touché. Malgré ses défauts, notamment sa longueur extravagante, on se sent tout à fait bien dans ce labyrinthe identitaire, et on suit avec passion cette enquête sur les traces d'un homme fêlé. La fêlure semble d'ailleurs être la figure principale du film, qui se présente comme un puzzle. On connait le talent du cinéma japonais à avancer ainsi par petits bonds dans une intrigue complexe, ménageant les ellipses vertigineuses et ménageant également ses effets, ses informations, ses indices pour nous laisser nous débrouiller avec les béances de la trame. Dans ce sens, Ishikawa s'inscrit dans la tradition. Pour cerner (ou tenter de) le mystère d'un homme, il construit une sorte de scénario impressionniste mais très précis, dévoilant peu à peu des abîmes de complexité chez l'être humain en général. Le tout en prenant les atours agréables du polar, que demander de mieux ?

Rie, jeune veuve avec enfant, se remarie avec Daisuke Taniguchi, un gars un peu discret, un peu secret, mais bon père de famille et bon époux. Le jour de sa mort accidentelle, Rie découvre que cet homme n'était pas Taniguchi, homme dont il avait volé l'identité. Mais alors, mais alors... qui était réellement Taniguchi ? Et surtout, qui est cet homme avec qui elle a partagé son intimité pendant des années ? Elle engage un détective pugnace pour remonter la piste de ces identités volées. Sans rien révéler (les coups de théâtre font partie du plaisir de la chose), disons qu'il va pénétrer profondément dans la névrose la plus profonde d'un homme, montrant ainsi qu'un être n'est jamais ce qu'on croit qu'il est, et que derrière la surface lisse peuvent se cacher des montagnes de déviances, de passé mal guéri, de non-dits et de dénis. La finesse psychologique de Ishikawa s'exprime particulièrement bien dans ce scénario très bien écrit, et on n'oubliera pas de sitôt cet homme qui se révèle lentement sous nos yeux, crédible et attachant en diable. Peut-être que l'hésitation entre les deux genres (polar et romance) finit par nous laisser le cul entre deux chaises, par donner l'impression de deux films qui ont du mal à n'en faire qu'un ; peut-être que la mise en scène très "rentrée", très assourdie, peut faire croire à un manque de caractère, à une pudeur fatigante à la longue. Mais on a indéniablement là un cinéaste original, profond et intelligent, qui marche sur les pas d'un Fukada dans ses efforts de compréhension de l'âme humaine.

 

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