Marie-Chantal contre Dr Kha de Claude Chabrol - 1965
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Les années 63-66 ne sont pas les meilleures chez Chabrol, qui semblait se chercher une nouvelle reconnaissance dans le cinéma populaire parodique. Marie-Chantal contre Dr Kha, pastiche de polar mâtiné d'espionnage très à la mode à l'époque, aurait pu être sympathique et distrayant, mais le laisser-aller total de Chabrol à la mise en scène, le côté roue libre des comédiens, le manque d'ambition évident, la grosse paresse en bref du cinéaste, en font un moment trop longuet, pas assez drôle ni assez divertissant. On ne sait trop sur quel pied danser, s'il s'agit véritablement d'une parodie, d'un amusement (et dans ce cas-là, il n'est pas assez poussé pour convaincre), ou s'il s'agit d'un hommage au genre (et dans ce cas-là, il est trop léger). J'ai plutôt l'impression qu'on attrape ici le compère en pleine sieste, même si, ça et là, restent quelques traces de talent.
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Marie-Chantal (Marie Laforêt, énervante et délicieuse comme une fille des années 60), jeune fille légère et désabusée, croise dans le train pour la Suisse un jeune gangster qui lui confie une mission : conserver par-devers elle un bijou, et ce par tous les moyens. Or, ce bijou est convoité de bien des façons, à la fois par un espion américain (campé avec distance mais amusement par un Charles Denner tout en accent), par un agent russe (curieux choix que celui de Reggiani et sa tronche de cocker), par la vénéneuse espionne Olga (Stephane Audran plus éclatante que jamais), par l'agent secret Castillo (Francisco Rabal, le beau gosse de service) et par le mythique Docteur Kha, en train de fomenter un attentat mondial et qui a besoin du joyau pour arriver à ses fins. Au milieu de ce nid d'espions, notre écervelée parviendra-t-elle à échapper aux tentatives d'assassinat, aux entourloupes et manœuvres des espions internationaux, et à enfin convoler avec le beau gosse ? On mettra longtemps, très longtemps à avoir le fin mot de l'histoire, et entre temps Chabrol et sa bande auront eu maintes occasion de se grimer et de fabriquer des personnages gentiment caricaturaux. Quelle rigolade ! en tout cas, si ça vous fait rire de voir Denner avec une moustache ou Reggiani surjouer les barbouzes.
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Bien de son temps, Chabrol paye ses dettes avec cette minuscule pochade sans envergure, qui s'offre quelques acteurs bankables du moment pour une gentille satire du petit monde des services secrets confronté à une Bécassine pop. De temps en temps, on retrouve durant quelques secondes le talent de Chabrol : lors d'une course-poursuite dans le souk marocain, par exemple, tournée avec soin et dynamisme ; dans le personnage tragique de Stéphane Audran, qui amène une touche de sérieux à la petite comédie ; ou dans les multiples allusions au cinéma d'Hitchcock période L'Homme qui en savait trop ou La Main au collet. Il y a des plans qu'on dirait réellement piqués à Bouddha, comme lors de cette bagarre dans un palais marocain ou dans la légèreté teintée d'inquiétude de la station suisse. A défaut de se fouler, le bon Chabrol s'offre quelques clins d’œil taquins au cinéma qu'il aime, il faudra se contenter de ça pour le coup.