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5 avril 2024

Britannia Hospital de Lindsay Anderson - 1982

Un salutaire vent d'anarchie souffle sur ce film, à la fois qu'un petit ton insolent qui fait du bien par où il passe ; c'est-à-dire à travers la vieille bedaine de la couronne britannique, des flics, de la guerre, des despotes en tous genres, tout comme à travers celle des connards de toutes sortes, qu'ils soient nantis ou prolos. Britannia Hospital s'en prend en effet frontalement à toutes les institutions anglaises, réputées pourtant pour leur modération et leur politesse, ce qui, en ces funestes années Thatcher, réjouit hautement. Mais le fait est que la charge est encore bien puissante aujourd'hui : tout le monde prend sa gifle dans la bonne humeur, et chacun est renvoyé à sa vanité, petits et grands. On n'est point dans le gros délire, dans le non-sens, dans l'absurde total, mais le film, très anglais, développe un humour très singulier, qu'on ne peut qualifier que d'andersonien. Pour le meilleur et pour le pire, puisque tout ne fonctionne pas, mais c'est clairement le meilleur qu'on retient.

Rien ne va à l'hôpital londonien : les cuisines font grève suite aux exigences des malades privilégiés, un des médecins, particulièrement mégalo et diabolique, s'apprête à créer une créature à la Frankenstein dans son labo, un média clandestin s'est infiltré dans le bâtiment et menace de faire un scandale, la présence dans les murs d'un dictateur africain capricieux (et de toute sa nombreuse famille) déclenche l'ire des associations humanitaires ; et, pour couronner le tout (...), la reine elle-même a choisi ce jour pour visiter l'institution, d'où un protocole qu'il faut respecter à la lettre. Face à l'adversité, le vénérable directeur de l'hôpital, Mr Potter, lutte, négocie, trompe son monde, fait des promesses, louvoie. Mais ses efforts parviendront-ils à endiguer les menaces de plus en plus pressantes ? Sous tension du début à la fin, le film développe peu à peu une folie qui va gagner au final tout le monde.

Comme je disais, Anderson vise tous azimuts, et pas seulement le système de santé : syndicalistes corrompus, presse avide de scandales, royauté engoncée dans ses rites d'un autre âge, bêtise du peuple facilement bernable, dictateurs déconnectés du peuple, riches capricieux... La satire éclabousse tout le monde avec la même gourmandise. Le résultat est un chaos total. Le film est très mouvementé, bruyant, hystérique. Les acteurs, tous dirigés vers la caricature et l'excès (à l'instar de Malcolm McDowell, pas le plus sobre des interprètes), semblent rigoler comme des fous à mettre de vigoureux coups de pied dans la fourmilière, et nous avec, il faut le dire. Bon, du coup, ce chaos donne ausis parfois de lourdes maladresses, des baisses de rythme vraiment vertigineuses, des scènes plus faibles que d'autres. Mais on s'en fiche : la grande qualité est justement de ne pas chercher la perfection, de se laisser aller à l'anarchie, y compris dans l'écriture et dans le montage. Ce gros délire se termine tout de même dans le calme, avec un énorme cerveau artificiel déclamant maladroitement un monologue métaphysique (Sophocle ou Shakespeare ?) devant un public composé de tous les imbéciles qui se sont agités pendant 2 heures. En plus d'être acide, Britannia Hospital est prophétique et cynique : pour ça, on l'aime particulièrement.

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