Alors oui, tiens, en passant, cette petite chose montagnarde, cette petite intrigue chorale, où disons-le, tout cela fleure bon la campagne, le cul-terreux et la gentille simplicité... Au départ, une enquête : un gamin un peu dérangé (surnommé l'Ours...) qui vit avec sa mère a été retrouvé dans une grotte alentour avec une gamine qu'il aurait élevée ! D'où vient la gamine, que faisait-elle avec ce fou dangereux ? Les flics interrogent les autochtones qui livrent tous leur point de vue sur ces deux (+1) habitants en marge. L'Ours est-il un simple animal incapable de suivre un quelconque cursus scolaire et au demeurant de prendre soin d'une enfant ? Ou l'Ours est-il certes un type un peu simple d'esprit mais totalement dévoué à la nature, aux bêtes et aux êtres abandonnés ? Les témoignages s'accumulent, des plus sceptiques aux plus bienveillants... Fallait-il intervenir quitte à briser un équilibre ou laissez-faire, hein ?

Bérot, disons-le tout du go, n'est pas Faulkner ni Twain quand il s'agit de trousser des dialogues de personnages locaux... Alors oui, c'est un peu facile de la comparer aux maîtres d'autant qu'elle fait malgré tout des efforts pour tenter de retranscrire ce langage oral (le sens des répétitions, des répétitions et aussi parfois finement des répétitions). Le vrai petit problème c'est que quel que soit l'interlocuteur, on retrouve les mêmes tics, le même style, les mêmes répétitions (...). On pourrait me rétorquer que vu qu'il s'agit de personnes "du cru", ben il est normal qu'elles aient toute un peu les mêmes bases linguistiques et syntaxiques... Mouais, passons... Il n'empêche que tous ces témoignages, même si chacun y va de son petit air de flutiaux, donnent affreusement l'impression de tourner en rond : on comprend dès le départ les défauts et les qualités du gars et on ne tarde pas à deviner non plus l'éventuel origine de la gamine... Fallait-il franchement interroger tous les gens du patelin pour avoir aussi peu de sons de cloche différents ? Bérot, elle, toute à son affaire, ne semble pas vraiment se soucier des rebondissements ou des surprises (dans le fond finalement comme dans la forme) tout occupée qu'elle est de nous faire patienter avant la tragédie annoncée (ces flics, ces bourrins, ces gens de la nature, si nature : ça ne peut pas mieux finir que dans une ZAD...). Bon, la lecture n'est en rien déplaisante (et rapide comme une scolopendre) mais ce tout petit polar champêtre défonce un peu des portes de grange déjà béantes. Pour les amateurs invétérés des anciens téléfilms de France 3.

LIVRE : Comme des Bêtes de Violaine Bérot - 2021

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