Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
15 mars 2023

Le Scandale de Claude Chabrol - 1967

WWAKE6VS6PC337QRGTTMYP2M5E

Un parfum de bon gros délire plane sur ce film, qui ne manque certes pas d'ambition, mais qui se heurte à trop d'écueil (entre autres, la fainéantise du cinéaste) pour vraiment convaincre. En cette période, Chabrol aime bien les psychologies torves, et il décide donc de tenter le coup de fabriquer un polar entièrement envisagé du point de vue d'un cerveau malade. En l'occurrence celui de Paul Wagner (Maurice Ronet, pas mal du tout), riche propriétaire d'une marque de champagne, victime d'un traumatisme crânien lors d'un accident de voiture. Depuis, c'est ballot, les cadavres s'accumulent autour de lui. Dans son trouble post-traumatique, il se pose réellement la question : est-ce lui qui assassine ces femmes dans ses moments d'oubli ? D'autant que son alcoolisme et son goût pour les fêtes décadentes n'aident pas à y voir clair. Mais peut-être devrait-il aussi s'intéresser à sa cousine Christine (Yvonne Furneaux, plus discutable), avide de reprendre l'entreprise ? Ou au mari de celle-ci, un parvenu ambigu (Anthony Perkins, tout de suavité et de densité), qui pourrait avoir envie de lui donner un coup de main ? Et quid de cette servante soumise (Stéphane Audran, vraiment géniale, comme toujours), trop muette pour être honnête ?

Sans titre

A dire vrai, l'enquête passera très vite au second plan. C'est un faux polar qui nous est donné ici, et Chabrol préfère de toute évidence surfer sur un hitchcockisme taquin que résoudre réellement son énigme. La présence de Perkins, la double personnalité d'Audran (blonde/brune, timide/extravertie), et même la construction du film et sa mise en scène en lents mouvements circulaires, tout indique que l'ombre de l'auteur de Psycho et de Vertigo flotte sur Le Scandale. Chabrol tente le coup du "film mental", et Gégauff au scénario, se sert de sa réputation de noceur et de ses ambiguïtés politiques pour dessiner un personnage trouble, entre folie et maîtrise de soi, entre provocation et désespoir, qui sert très bien le propos. Cela dit, on se lasse assez vite de ce film un peu trop cérébral et expérimental pour passionner, trop froid et pas assez brillant pour retenir l'attention. Si Ronnet fait des étincelles, Perkins a l'air de se demander ce qu'il fout là, et nous avec lui : scènes exsangues et  trop longues, qui s'étirent au-delà du raisonnable, comme si Chabrol cherchait à meubler ; photo assez dégueulasse de téléfilm suisse ; intrigue confuse parsemée de scènes spectaculaires kitschs ; on n'est pas à la fête dans ce film qui a tendance à se prendre un poil au sérieux. Il faudra attendre la toute dernière séquence, plongée verticale vraiment bluffante, qui renvoie tout ça à une case de jeu de société contemplée par un Dieu omniscient, pour éveiller un peu notre intérêt. A part ce plan impressionnant, on peut trouver que Chabrol s'est un peu perdu dans ses livres de philo, jusqu'à s'y endormir carrément.

Sans titreg

Commentaires
Derniers commentaires