Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
7 mars 2023

LIVRE : Tous immortels de Paul Pavlowitch - 2023

"C'est une histoire tragique, mais c'est ce qui la rend si drôle".

"-Elle et moi [Gary évoquant sa mère], la faiblesse, on connaissait. Je ne cesse de tomber, vous le savez. Ma mère m'a appris qu'on se relève. C'est tout. Il n'y a pas d'autres choix. On peut en rire. L'homme est quelque chose qui ne peut pas être ridiculisé.- Votre bagarre avec le monde est désespéré. On vous aime pour ça"

"J'avais aimé Gros Calin... Je n'ai pas encore lu La Vie devant soi. Je ne crois pas que son auteur puisse préserver longtemps son anonymat." (Gary)

3bfe3fefbc4ea0348c8af86a24855562480a682728ce0000e286c9a1c3b6073aIl était sûrement temps, quarante ans après la mort de Gary, d'avoir la version de cet imbroglio littéraire par celui qui dut la subir, Paul Pavlowitch alias Emile Ajar. A quatre-vingts ans passés, l'homme n'a plus rien à perdre, rien à cacher. Il va s'agir ici pour lui de revenir sur la carrière de son oncle Gary, de ce monstre littéraire, et sur le parcours syncopé de la diaphane Jean Seberg. Il est intéressant, après quelques chapitres de mise en jambe où le gars Paul parle de sa maison dans les Causses, de voir à quel point ce dernier disparaît le plus souvent pour revenir en détail, avec moult anecdotes personnels puisque le Paul les a longuement côtoyés, sur le génie de Gary, sa carrière de diplomate, ses relations féminines, sa production littéraire conséquente et sur l'histoire de notre Jean (j'aurais pu croiser le Paul cet été en allant me recueillir sur la tombe d'icelle), brûlée en incarnant Jeanne d'Arc, défenseuse dès l'âge de 14 ans de la cause des noirs aux USA, et trop vite à Bout de Souffle dans sa carrière professionnelle (fucking Preminger) et personnelle (fucking CIA). Même si au départ l'écriture un poil trop télégraphique de l'ami Pavlowitch peine à nous convaincre, on plonge assez vite dans le destin de ces deux personnalités hors du commun qui ont marqué notre jeunesse et toute une époque... Et pourtant, dieu que ce ne fut point simple, pour l'un (fucking critique littéraire) comme pour l'autre (fucking critique cinématographique). On connaissait les grandes lignes de la vie de Gary (mais on sourit quand on le voit, en Bulgarie, se faire capter en pleine coucherie par les services secrets de l'Est : ils veulent le faire chanter, notre héros s'en branle) mais on prend toujours un certain plaisir à suivre ici ses hauts (ses soutiens politiques gaullistes), ses bas (il ne rentrait définitivement pas dans les cases de l'époque, ce combattant résistant d'origine russe et juive qui se défiait des communistes comme des Américains), son égocentrisme, sa paranoïa, son sens créatif délirant... On connaissait la carrière de Seberg, mais on découvre en passant son engagement politique précoce, ses difficultés avec ce dictateur de Preminger (même rapport de domination avec elle qu'Hitch avec Hedren), et le peu d'opportunités qu'elle eut d'obtenir par la suite des rôles intéressants. Après ce long passage biographique émaillé des commentaires de première main du Paul, on suivra enfin dans les cinquante dernières pages les rapports troubles et un peu merdiques qu'il eut avec Gary lors de ce canular Ajar qui partit un peu en eau de boudin... Lui le reclus, il dut subir cette machination qui sembla au final plus troubler son "maître" que lui apporter satisfaction et sérénité. Au moins Pavlowitch a l'opportunité de donner sa version de cette situation qui, semble-t-il, finit un peu par dépasser les deux hommes... Avant de se terminer, forcément, tragiquement... Un bouquin qui n'est pas franchement d'une grande portée littéraire mais qui apporte mille petits détails de l'intérieur sur la personnalité de cet écrivain protéiforme, génial et de cette actrice trop fragile, victime de son engagement, sublime (si si). Forcément plaisant pour les fans.

Commentaires
Derniers commentaires