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19 février 2023

Thelma & Louise (1991) de Ridley Scott

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On n'a pas toujours été très tendre avec l'ami Ridley en ces colonnes. Il faut reconnaître tout de même que, une trentaine d'années plus tard, Thelma & Louise tient toujours diablement de la route (avant la sortie de piste finale ? Ttttt petits cachottiers). C'est une œuvre, indéniablement, qui ouvre une brèche pre-metoo : un homme violent qui viole une femme sur un capot de bagnole en tenant des propos orduriers ne mérite-t-il point ce petit trou dans ce cœur qu'il n'a pas ? La réponse est non, of course, n'empêche qu'on ne va pas pleurer non plus toutes les larmes de son corps devant la mort d'un con... C'est le point de départ de cette folle escapade de Louise, la tête sur les épaules, et de Thelma, la sauvageonne, une sorte de fuite en avant dans un monde de mâles malades... Elles se font voler par un filou (Brad Pitt, douze ans), elles pilleront un magasin, elles se font emmerder par un vulgaire routier, il verra son gros camion partir en fumée... Parce qu'un moment, il faut dire stop, parce qu'un moment, le patriarcat qui les tenait parquées dans leur petite vie quotidienne, dans leur petit boulot de merde avilissant, il faut s'en échapper, pour vivre, enfin, libres... Bon, forcément, elles abusent un brin de cette arme à feu qui permet de résoudre tous leurs petits problèmes de voyage... Mais cette arme, finalement, elle ne fait que se retourner contre ces hommes qui ont toujours abusé de leur position, de leur pouvoir, de leur supériorité... Ce petit retournement de situation a bien ici quelque chose de jouissif - même si la ligne de fuite ne peut être infinie, un ultime saut de l'ange permettra à nos deux actrices de laisser à jamais leur plaisir en suspension...

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Un film sur le fond qui sort enfin des sentiers battus et où les hommes en prennent pour leur grade (c'est d'ailleurs assez drôle de voir que le seul homme raisonnable dans tout cela, c'est Harvey Keitel, lui l'habitué des rôles de fous furieux : calme, posé, rassurant, il est le seul à pouvoir garder contact avec ces deux femmes libérées de leurs œillères - sera-ce suffisant pour les faire revenir de l'autre côté du miroir, celui de la raison et de la chienlit, pas sûr...) ; de cela, on ne peut que se réjouir sous la caméra aiguisée du Ridley. Car à cela s'ajoute une vision en scope absolument fabuleuse, parfaitement au diapason de ces deux femmes qui ont enfin agrandi, ouvert leur horizon : Scott filme avec classe aussi bien cette Thunderbird qui glisse sur l'asphalte que ces paysages (the Monument Valley dans toute sa gloire) de l'ouest américain. Les couleurs, ces ciels, ce grand angle, quel bonheur de les voir servir d'écrin à cette échappée folle : le décor apporte tout l'oxygène nécessaire à ces deux femmes qui brûlent dorénavant la vie par les deux bouts (la musique, elle, malheureusement sur ce coup, reste un peu dans les chaussettes, dommage). Certes, avouons-le toutefois, certains rôles masculins sont un peu dessinés à la serpe, le gros con de mari beauf de Thelma, le petit branleur dragueur voleur interprété par Pitt, le routier qui suinte la bêtise par tous les pores, mais on ne va pas se plaindre : pour une fois que les rôles féminins sont bien écrits et que la complicité entre les deux actrices, construites au courage, finit par joliment triompher. Belle petite réussite esthétique et féministe que cette œuvre autour de deux girls runners.

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Commentaires
S
Sans compter que le Besson les deux pieds décollés d'HamsterMitch méritait sans doute un rouge.
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S
Eheh : Thelma & Louise ont su tirer aux buts - Shangoals vainqueur
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S
6-4 pour l'Ajax d'HamsterMitch mais le Shangoals FC va peut-être pouvoir revenir au score dans le temps additionnel.
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C
Eh beh. On peut dire qu’elle déton(n)e, Callie. <br /> <br /> Z’auriez pas chipé cette tirade tout droit de Deadwood, à tout hasard ?<br /> <br /> Je dis ça, je dis rien…
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S
Étrange, cette levée de bouclier (de Brennus) dès qu'on ose employer le mot féministe... Je serai plus poli qu'elle, of course, mais je tombe sur une petite déclaration de Callie Khouri, scénariste de la chose :"[responding to being called a 'toxic feminist' for writing "Thelma & Louise"] Kiss my ass, kiss my ass. I was raised in this society. Let them get their deal worked out about the way women are treated in films before they start hassling me about the way men are treated. There's a whole genre of films known as 'exploitation' based on the degradation of women and as a whole bunch of redneck critics extolling its virtues, and until there's a subgenre of women doing the same thing to men in numbers too numerous to court, as is the case with exploitation film, then just shut the fuck up." Bon.
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