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2 février 2023

Metalmeccanico e parrucchiera in un turbine di sesso e di politica de Lina Wertmüller - 1996

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Peut-on être un communiste convaincu et tomber tout de même amoureux de la militante de droite basique ? Je connais bien le problème, ayant été moi-même amoureux d'une végan complotiste antivax et fan de yoga, je peux donc vous le dire : oui. C'est aussi l'opinion de Tunin, fier défenseur de la cause ouvrière. Le jour des élections, son parti est laminé par la droite, il sort pour en découdre, tombe sur la militante la plus farouche du camp opposé, et à la faveur d'un frottement son entrejambe le condamne : il va devenir obsédé par la donzelle. De son côté, elle est bien décidée à dompter ce viriliste tout en orgueil, tant pour le rallier à son parti que par fierté féminine. Commence alors un ballet très enlevé de "je te prends, je te jette", sur fond, on est chez Wertmüller, de féminisme et de masculinisme subtilement chroniqués. Car derrière la grosse farce, qui peut même verser dans la vulgarité, il y a un discours, et beaucoup plus subtil qu'il n'en a l'air, sur les caractères des deux sexes et l'éternité de leur combat. Sous prétexte d'opposition politique, elle parle d'opposition des sexes, et même d'une certaine conception de la vie.

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On connaît l'audace de la dame, sa tendance à s'opposer aux discours politiquement corrects ambiants. Ici, on est en plein dedans. Comme dans le merveilleux Travolti da un insolito destino nell'azzurro mare d'agosto (beauté des titres...), elle renvoie soigneusement dos à dos nos deux personnages, aimant et moquant tour à tour l'un et l'autre. Si Tunin est sa tête à claque favorite, elle ne se prive pas non plus de montrer la légèreté et la vanité des femmes : Rossella est une fieffée salope qui mène notre pauvre homme par le bout du nez. On s'amuse beaucoup, franchement, à regarder ces deux acteurs hystériques s'envoyer des noms d'oiseaux, trouver un terrain d'entente pendant  minutes pour ensuite s'arracher les cheveux, incapables de faire la paix par fierté, par orgueil, par vanité. Les deux ne comptent par leur énergie et sont entourés par tout un tas de seconds rôles parfaitement compétents : l'ami de Tunin par exemple, qui présente un personnage un peu à l'opposé de notre héros, fait un pendant parfait dans le pathétique des hommes, faible et concon. Et les femmes officielles de ces deux hommes, même si elles sont autoritaires et peu aimantes, s'avèrent de sacrées caractères féminins, émancipées et libres. Ce petit monde s'agite beaucoup, et les scènes de pure comédie sont savoureuses, comme celle où Tunin campe devant le salon de coiffure de sa belle, fulminant de jalousie, trouvant n'importe quelle ruse à la con pour la déranger.

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Par-delà cet aspect, on apprécie aussi beaucoup le portrait du monde du travail mis en scène ici. Le contexte est celui d'une libéralisation du travail, les robots font leur apparition, et les braves ouvriers se retrouvent avec plus de temps libre, dont ils ne savent pas quoi faire. C'était déjà difficile pour Tunin de travailler comme carrossier chez Ferrari (le luxe des bourges par un marxiste convaincu, pas simple), mais quand on le renvoie, remplacé par une machine, ça se complique vachement. Wertmüller s'amuse avec la valeur travail et le chômage, sujets qui ne sont portant pas d'une gaieté folle, et réalise, en même temps qu'une comédie de mœurs, une farce politique très attachante. Vous aurez compris que j'aime beaucoup ce petit film, et que je me prosterne une nouvelle fois devant Lina Wertmüller, une des cinéastes les plus originales et audacieuses que cette terre ait comptées.

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