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Shangols
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28 janvier 2024

Le Sens de la Vie (Monty Python's The Meaning of Life) de Terry Jones - 1983

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Il est toujours bon de revenir aux films fondamentaux qui ont forgé notre univers mental (n'est-il pas ?), surtout quand il s'agit d'un de ceux qui nous ont fait le plus rigoler et ont fabriqué cet humour légendaire et envié que tout le monde nous connaît. Retour donc sur The Meaning of Life, la comédie que je connais par cœur et qui me fait toujours autant rire même après 250 visions. Même si, trop copiés, quelques sketches apparaissent aujourd'hui un brin vieillots, on ne peut qu'être renversé par le pouvoir imaginatif des Monty Python, qui semblent n'avoir aucune limite dans le délire... tout en restant dans une logique imparable : le caractère anglais en plein, quoi, raffiné et élégant en surface, non-sensique à mort en profondeur. Quand les bougres tiennent une idée, deux solutions s'offrent à eux : soit ils vont au bout du bout de cette idée, ne s'arrêtant que quand ils ont épuisé le gag. Ainsi le sketch sur le don d'organes (sur personne vivante) qui va très loin dans le gore ; ou la fameuse partie sur un énorme gars qui s'empiffre dans un restaurant, et qui va jusqu'à l'explosion, gros délire cracra parfaitement jouissif ; ou le faux court-métrage d'ouverture, qui montre une compagnie d'assurance tenue par des petits vieux réduits en esclavage et qui se révolte tout à coup pour devenir un véritable pirate de la finance (sûrement le sketch qui a le plus mal vieilli). Dans tous ces cas-là, les Monty Python poussent le plus loin possible leur idée, et vont systématiquement un peu plus loin que ce que l'imagination du spectateur peut attendre. D'où une admiration totale pour ce goût de l'excès, pour ce ton très politiquement incorrect qui va souvent très loin : qui, aujourd'hui, oserait faire du gore dans une comédie populaire, ou montrerait des femmes seins nus poursuivre un misogyne jusqu'à sa tombe, ou déplier un lit et utiliser sa femme pour un cours d'éducation sexuelle pour les collégiens ? L'audace est là, et nos amis ont même un petit ton punk (là aussi très anglais), caché derrière une façade de grand sérieux et de bourgeois tranquilles.

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Deuxième option quand une idée barrée leur vient à l'esprit : la saccager, la faire se terminer en queue de poisson. Là, c'est le non-sens poussé à son point d'incandescence. C'est une chasse au tigre dans la jungle, improbable et hilarant n'importe-quoi ; c'est ce serveur de restaurant prenant 5 minutes pour nous emmener sur les lieux de son enfance... avant de reconnaître que ça n'a aucun intérêt ; c'est un interlude surréaliste à la Dali ; ou c'est mon sketch préféré : une comédie musicale grand crin autour du sperme et de la fertilité des catholiques par rapport aux protestants : toute la panoplie du "musical" (et au-delà) est là autour de paroles bien punk : "Every sperm is sacred". Les gars poussent d'ailleurs volontiers la chansonnette, et bellement puisque plein de mélodies restent en tête, preuve que leurs talents sont vraiment multiples. On a l'impression en tout cas qu'ils ne s'interdisent rien, que tout est bon à prendre. Même si, attention, le film est loin d'être amateur ou désordonné. La mise en scène de Terry Jones, certes fonctionnelle et un peu transparente, est droite dans ses bottes, et nos amis déploient un jeu d'un sérieux total. On sent que tout est très maîtrisé, et je dirais que c'est un peu là que le film me plaît moins que Sacré Graal ou La Vie de Brian : doté de moyens conséquents, les Monty Python oublient un peu leur amateurisme précieux, leur façon de faire rire avec des bouts de chandelle. Le sketch de la compagnie d'assurances, ou celui de la guerre contre les zoulous est trop clinquant, trop "soigné" pour ainsi dire ; l’humour se dilue sous les effets. Inégal donc, mais les parties réussies sont tellement géniales qu'elles font oublier les autres. Un jalon dans l'histoire du cinéma comique, aucun doute. (Gols 31/01/23)

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A mon tour, un an après l'ami Gols, de me retaper ce film qui, tout pareil, berça mon adolescence - sûrement l'un des films que j'avais le plus vu et revu en son temps... Alors oui, même petite impression d'inégalités : la scène d'ouverture (qui augure les futurs délires un rien mégalomane de Gilliam ?) n'est pas complétement raté en soi (ces vieux papis qui se voient en pirates de la finance mondiale) mais on sent que la métaphore filée dure un peu trop, le comique de la chose finissant presque par s'épuiser de lui-même... On sent un peu trop parfois qu'on part sur une idée, plus ou moins délirante, et qu'on déroule le concept en roue libre - sans qu'il n'y ait ici, dans la construction des plans, une véritable volonté de truffer l'images de gags en arrière-plan (ce qui fit notre bonheur par le passé). On assiste au jeu outrancier des membres du groupe (qui prennent toujours autant de plaisir à se grimer et à cabotiner) et on doit se contenter souvent de ces petits délires frontaux, grotesques et plus ou moins tordants... Heureusement, oui, heureusement, demeurent ces grands moments cultes qui font, quand même, qu'on ne perd pas complétement son temps : ce client montgolfière qui vomit son surplus calorifique sur une femme de ménage à quatre pattes (c'est tellement ignoble qu'il y a quelque chose d'affreusement juste dans ce portrait de classe...), ce sketch (minimaliste - toujours mon préféré) sur les feuilles d'un arbre qui tombent, cette volonté de parler de pénis et de pénétration sans tourner autour du pot (du catholicisme et de la peur du caoutchouc...) ou encore ce sketch délicieusement bergmanien (non, je déconne) où la mousse de saumon interprète son plus grand rôle, devient enfin le centre des débats. On aime toujours autant cette capacité à jongler avec les thèmes les plus graves dans les situations les plus improbables et absurdes (cette petite fête d'anniversaire en pleine guerre, cette petite piqûre d'insecte (un moustique-tigre, résolument) qui a emporté toute une jambe). Oui, le fait d'avoir des moyens a un peu mis en berne l'amateurisme hilarant d'antan mais il reste heureusement encore dans ce métrage foutraque (même quarante ans later) son petit lot de provocations gratuites pour qu'on s'amuse devant certaines saillies obscènes de la bande, devant certaines inventions de pure délire. Un incontournable, malgré tout, oui malgré tout !  (Shang - 28/01/24)

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