Attention chef-d’œuvre ! Après vos commentaires enflammés sur L'Emmerdeur, comment ne pas avoir envie de revoir cette oeuvre pleine de finesse où l'on retrouve, à nouveau, parmi les scénaristes, ce génie du rire qu'est Francis Veber - il adapte ici, on le sait, avec un sens de l'humour unique, la non moins splendide pièce de Poiret. Alors oui, je sais, vous allez me dire : pourquoi regarder ce truc ? C'était l'une des gageures de la chose, puisque ce film se trouve dans la collection Criterion... Comme on arrive presque vers la fin (eh oui !), il fallait bien un moment repasser à la casserole... Bon, que dire, sans être affreusement condescendant ou terriblement banal. Difficile de trouver mieux que cette formule lapidaire : tout est raté... Même Ennio Morricone parvient à faire une musique d'ascenseur et foire complétement le clin d’œil (lors du scène outrageusement drôle où Serrault imite John Wayne, poualàlà) au western... Si on évacue tout le côté "grande folle" (qui a dû bien faire marrer en son temps mon grand oncle, celui au regard d'assassin quand on parle de la guerre d'Algérie), que reste-t-il vraiment à se mettre sous la dent ? Des gags lourds, des répliques qui tout en évitant le politiquement correct de la chienlit actuelle sont d'une mollesse gênante (la meilleure réplique restant sûrement lorsque Tognazzi et Serrault apprennent le mariage du petit et qu'ils traitent immédiatement sa future femme de "salope" - une bonne demi-douzaine de fois pour enfoncer le clou : c'est tellement grossier et spontané qu'on en reste tout ébahi), des situations tristes à mourir (la scène de la biscotte, la scène de la biscotte !!!! Bouarf, trop galvaudée... l'hystérie continue de Serrault lasse, mon pauvre, bien vite) et enfin des acteurs... en free-lance complet... Galabru, en de Villiers des seventies, secrétaire d'un parti politique qui prône la morale mais qui a du mal à balayer devant sa porte, se transforme vite en une boursouflure de Galabru, de plus en plus ridicule à mesure que le film avance, pilonnant le moindre micro espoir comique ; quant à Serrault, aaah Serrault, on voit bien, le bougre de farceur, qu'il prend un certain plaisir à jouer les vierges effarouchées, les vieilles folles incontrôlables, ou les mâles au petit coeur qui saigne... On sait bien que cet éternel bout-en-train peut tout jouer : dommage qu'on découvre ici aussi qu'il peut tout jouer mal quand on le laisse totalement livré à lui-même... La chose, au final, est, oserions-nous dire, presque plus consternante dans la forme que dans le fond : grossièrement grossière, terriblement téléphonée, toute velléité comique tombe méchamment à plat comme un faux sein se faisant la malle et s'écrasant sur de la moquette mauve. Haro sur Molinaro.
Robin Williams, ouais, Gene Hackman, re-ouais, réalisé par Mike Nichols, re-re-ouais.
On se pince le bout des cheveux pour faire tomber les pellicules, et y croire.
Je n'ai, hélas, pas eu la joie de voir le remake vietnamien. Qui ne peut pas être pire, impossible!
J'ai un faible pour Jean Poiret (sans doute son côté Angliche dénaturé, et son nez en tremplin de piscine), il me fait rire même (surtout?) lorsqu'il lit la fiche de montage d'un buffet 4 portes Leroy-Merlin.
Suis fermement convaincu qu'il n'y a pas l'once d'une vilenie ou d'un jugement dans sa pièce.
Osons dire que, au contraire, ladite pièce, écrite au milieu des années 60, a sans doute permis de faire un peu avancer le schmilblick sur la perception de l'homosexualité dans une France gaullo-pompidolienne. En parler, simplement, y compris sur ce mode, c'était déjà beaucoup.
Bien sûr, pour un film, il fallait beaucoup mieux qu'un fade Molinaro, ou qu'un Mike Nichols au bout du rouleau.
"L'Escalier" (version chagrine et sinistre de Cage aux folles, et apparemment la pièce anglaise qui a inspiré Poiret), était sans doute un texte plus maîtrisé... Mais qui s'en souvient ?