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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
1 avril 2023

Revoir Paris (2022) de Alice Winocour

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Pas si évident de tramer une histoire post-attentats parisiens tant il semble que cela était hier. Winocour, aidée par une Efira que j'ai trouvée pour une fois joliment sobre, joue la carte et la trame de la personne qui, devenue puzzle, tente de se reconstruire. Et son film, s'il ne révolutionne rien, tient la route sur ce principe. Comment tenter de reprendre pied quand on a même plus la mémoire de ce qui s'est vraiment déroulé ? Comment reprendre une vie normale quand on sent que celle d'origine a été, psychologiquement, brisée en plein vol ? Efira revient sur Paris après plusieurs mois d'absence, une cicatrice encore au flan, et tente de reprendre sa liaison avec son homme. Mais l'angoisse la prend, et cette relation bat de l'aile, tourne en rond - une communication au point mort comme si toute communication était foireuse d'avance... Alors elle retourne sur les lieux de l'attentat, rencontre des responsables d'assocation, des victimes (Magimel, de tous les combats en 2022) et essaie de retisser le fil des événements - comme pour mieux retrouver son chemin, à l'avenir ? Mouais, il y a de ça... Winocour filme les attentats avec une certaine distance, tout en gardant un aspect réaliste, et garde ce cap tout du long : on est dans une école du tact et de la pudeur... Certes, on ne peut pas dire qu'on aille de surprise en surprise (pour se reconstruire, il vaut souvent mieux laisser derrière soi les ruines d'une ancienne histoire - check ; pour se reconstruire, il est bon parfois d'explorer de nouvelles pistes - check too) et l'on sait dès le départ que l'épaule même frêle d'un Magimel brinquebalant sur ses béquilles pourra apporter un peu d'oxygène à cette femme - une femme forcément traumatisée par les événements et la façon dont, elle, elle s'en est sortie - en étant lâche, en ayant de la chance, en tombant sur une personne inoubliable ?... Pas vraiment de rebondissements palpitants, donc, mais un ton qui reste intelligemment sobre pour traduire toutes ses douleurs, douleurs dont il est forcément difficile de faire le deuil... Des rencontres, des coups de blues, des coups bas, mais une volonté affichée chez l'Efira d'avancer coûte que coûte et de régler ses comptes avec ce passé étouffant. Pas le film de l'année passée, mais un bel essai tout en fibres humaines sur un trauma encore frais et un Paris élégamment filmé. In Winocour veritas, dit-on, non ?   (Shang - 15/01/23)

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Ça m'arrache un œil de l'avouer, mais j'ai bien aimé moi aussi ce Revoir Paris. Tout pour me déplaire a priori : une histoire de femme qui se reconstruit loin de sa famille, une manière de s'emparer d'une tragédie récente pour en faire la trame du film, et surtout Virginie Efira au générique, on est en droit de trembler. Et pourtant le charme opère dès le début, quand on voit dette ville de Paris magnifiée non seulement par la lumière et la couleur, mais par ces rythmes lents, comme ouatés, presque oniriques, que Winocour met en place. Il fallait ça pour que les fameuses scènes très casse-gueule des attentats soient restitués avec dignité. Or, la réalisatrice trouve la distance exactement juste pour montrer ça : rien occulter, mais ne pas faire comme si on y était, restituer la violence sans se complaire au voyeurisme. Le pari était audacieux et il est rempli. A partir de cet événement traumatique, la reconstruction de cette femme perdue est très joliment filmée : Winocour a trouvé en Efira une silhouette parfaite, l'affublant d'une tenue de motard, la regardant filer sur les avenues de Paris sur sa moto, comme un fantôme. Le personnage est devenu sans racine, sans lieu, sans personnalité même, cherchant uniquement à retrouver la mémoire. C'est une belle idée d'avoir transformé la ville en territoire magnifique mais "dénervé", fourmillante et en même temps assez triste, pleine de carrefours mais ramenant toujours à ce lieu traumatique du bar. Bien sûr que c'est un peu cousu de fil blanc, que l'innocence de cette femme ne fait aucun doute (est-ce qu'elle s'est enfermée dans le toilettes pendants les tirs ?), que sa relation avec Magimel va déboucher sur un potentiel amour, que son mari va se heurter à l'incompréhension, que tout ça est prévisible. Mais plus que le scénario, c'est la mise en scène qui attire là-dedans. Parce que Winocour place sa caméra aux endroits parfaits, déifiant son territoire mais plaçant toujours cette fille perdue au centre, filmant les avenues et les tunnels comme des obstacles à franchir, des plateaux de jeu vidéo, développant deux ou trois personnages pour placer les autres humains dans un flou artistique correspondant bien au désarroi de cette femme, à son amnésie. Très bien joué, réalisé avec justesse et dignité mais non sans caractère, c'est vraiment réussi.   (Gols - 01/04/23)

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