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4 janvier 2023

Les cinq Diables (2022) de Léa Mysius

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On avait beaucoup aimé le premier film de Léa Mysius, Ava, on a été tout autant charmé, chose rare, par son second. Toute l'originalité du scénario repose sur le don d'un enfant capable de se "projeter" dans le passé de ses parents, un enfant dont on ne sait trop jusqu'à la fin du récit, s'il a eu un rôle constructif ou destructeur dans l'histoire d'amour (ou la simple relation...) entre cette mère nageuse et ce père pompier (la glace et le feu ? une alliance de circonstance, uniquement opportune ? A discuter...). Cette enfant nous permet, narrativement, d'opérer des flash-back dans la vie de ses géniteurs mais il nous permet surtout, sentimentalement, de comprendre les liens qui unissent les principaux protagonistes de l'histoire : au départ, comprend-on assez vite, il y avait deux "couples" : celui formé par la mère de la gamine (Adèle Exarchopoulos) et une amie gymnaste et celui formé par le frère de cette gymnaste, futur père de la gamine, et une autre jeune gymnaste... Quand on retrouve ces quatre individus dix ans plus tard, la donne a donc changé : la première gymnaste citée a fait de la prison, l'autre a eu le visage défigurée par le feu... Il y a forcément un lien entre ces deux faits, les éléments du puzzle se mettront peu à peu en place... La question n'en demeure pas moins : cette gamine aux dons diaboliques (elle a un odorat de dingue, peut donc s'immerger dans le passé...) a-t-elle bouleversé la vie de ces quatre individus pour le pire ou le meilleur ?

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Léa Mysius, en situant son film dans un petit village d'Isère, parvient aussi bien à filmer ces paysages grandioses, envoûtants, bigger than life, que cette histoire intime, à fleur de peau... Dès le départ, on sent que la connexion entre ce père et cette mère ne se font plus : ils se croisent de temps en temps en raison du rythme différent de leur travail et leur vie sexuelle semble être au point mort ; la mère semble avoir lié des liens très forts avec sa fille, liens qu'illustre leur complicité lorsque la mère va nager dans le lac : c'est la fille qui avertit la mère du temps qu'elle doit passer dans ces eaux glacées, assurant en un sens sa "survie"... Il faut bien reconnaître que la vie d'Adèle n'a pas l'air très fun, et l'arrivée inattendue, après dix ans d'absence, de la sœur de son mari dans leur foyer, ne semble pas vraiment la rendre plus jouasse... Mais les apparences sont parfois trompeuses et les agissements (magiques) de la gamine (totalement rejetée par les autres gamins de son école de par son métissage : il est normal qu'elle trouve dès lors refuge dans son propre monde sensible) vont permettre d'apporter une lumière (mais aussi son ombre...) sur ces anciennes relations. Mysius joue joliment des éléments (l'eau, le feu), éléments avec lesquels chacun des protagonistes entretient une histoire intime, vitale, tragique ; elle parvient également avec art à jouer de ces allers-retours entre passé et présent, donnant à la gamine un rôle prépondérant : son "ressenti", ses visions, sa naissance, ont radicalement changé les rapports entre ces quatre individus et c'est assez malin en soi de présenter ainsi la venue au monde d'une enfant... Un récit placé sous le signe du diable, des diables, d'un diablotin (?) mais qui retombe avec une belle aisance sur ses pieds fourchus. Nouvelle belle réussite de la jeune Mysius qui nous ensorcelle sans jamais trop en faire dans ce récit insolite qui révèle avec intelligence l'alchimie secrète entre chacun.

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