Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
30 décembre 2022

Pearl de Ti West - 2022

par-film

Autant j'ai été bien emballé par X de Ti West, autant cette "extension" filmée dans la foulée avec les mêmes acteurs m'a plus ou moins ennuyé. A vrai dire, je ne sais pas si telle était vraiment l'intention de départ, mais je ne vois que peu de rapports entre les deux films : l'un est un gore inspiré de Tobe Hoper, l'autre un mélodrame frileux qu'on verrait plutôt comme une variation un peu cradingue sur La petite Maison dans le prairie ; l'un se passe dans les années 70, l'autre dans les années 10 ; l'un nous propose un personnage d'actrice porno, l'autre une jeune fille un peu coincée qui rêve de devenir une danseuse, et qui devant son échec se met à buter tout le monde. Bon, regardons ce film pour ce qu'il est, en tentant d'oublier son alter-ego. Et justement : on butte devant ce film très long, très lent, qui ne s'assume jamais vraiment en tant que mélodrame à la Sirk, ni en tant que film sanglant. Le scénario emprunte pourtant assez habilement des motifs communs aux deux genres : Pearl, une jeune fille pure, et ses parents torves (le père est un légume sur son fauteuil roulant, la mère une bigote intégriste obsédée par la bonne tenue de sa fille) vivant dans la campagne isolée en ces temps de première guerre mondiale. Pearl truande parfois la vigilance stricte de môman pour se payer des séances de cinéma où elle adore regarder des dames agiter leurs gambettes, et acquiert dès lors un but : être comme elles, danser gagner sa liberté (de corps et d'esprit). L'organisation d'une audition pour un spectacle local dans son village pourrait lui ouvrir les portes de la gloire. Mais ses pulsions sanglantes, ajoutées à la frustration et aux brimades de sa mère, vont peu à peu la transformer en tueuse sanguinaire, au grand dam de l'essentiel de la distribution du film, qui va trépasser dans des conditions guère enviables.

Sans titre

Les scènes sanglantes, curieusement occultées après le gore de X, n'arrivent que très tardivement dans le film. Avant ça, on aura suivi les aventures guère passionnantes de cette oie blanche hantée par une violence sous-jacente, attirée par le sexe (le regard qu'elle porte sur le film porno proposé par son amant, neutre, vide, est éloquent), en désir complet de représentation. C'est longuet et pas très sexy, West ayant choisi comme esthétique la même veine que pour son film d'horreur : contrastes poussés à fond, grain d'image grossier, gros plans de visages grimaçants (le très beau plan qui clôt Pearl montre Mia Goth sourire jusqu'au malaise complet face caméra)... une esthétique qui ne colle pas trop au propos, comme si le film cherchait absolument à raconter une histoire qui n'est pas celle qu'on regarde. C'est peut-être le cas et on peut lire là-dedans une métaphore sur la libération féminine ; mais là aussi, le film ne va pas assez loin, et se contente de nous faire patienter, le cul entre deux chaises, en proposant d'abord une partie assez chiante sur les déboires de cette jeune fille, puis un déchainement de violence trop court et trop gentil pour vraiment convaincre. On s'ennuie mollement, seulement guidé par l'espérance des giclées de sang (qui viendront in extremis, et de façon un peu timide), seulement troublé ça et là par quelques scènes un peu plus gratinées (les rapports de Pearl avec son père sont tout d’ambiguïté...). Déçu, déçu.

MV5BYzYxZGFhM2QtZThhNC00MTBkLWI0NWYtYmUwM2IyNjVmMDU0XkEyXkFqcGdeQXVyMTUzMTg2ODkz

Commentaires
Derniers commentaires