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29 décembre 2022

Jahan-nama Palace (کاخ جهان‌نما) d'Abbas Kiarostami - 1972

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Grandeurs et beautés de l'artisanat persan. On termine cette somptueuse odyssée kiarostamienne (aucun mauvais film dans la liste, il faut le remarquer, et un bon paquet de chefs-d’œuvre) par ce petit documentaire, de toute évidence fruit d'une commande. Voici donc le palais de Jahan-nama, une des résidence du Shah, qui est l'objet d'une vaste entreprise de rénovation. Le but : tenter de restaurer la bâtiment dans l'esprit du lustre d'antan, de retrouver la tradition esthétique de l'époque, et aussi de retrouver quelque chose de l'esprit de l'artisanat ; une manière entre autres de prendre son temps, de l'envisager même comme un ami. Kiarostami, taquin, passe donc son temps (et sa voix off) à expliquer que le monde moderne est trop speed, que nos anciens savaient patiemment dessiner des petites fleurs ou des ogives sophistiquées. Le meilleur exemple est dans cette scène où la cheffe du projet (le film laisse entrevoir un Iran d'alors où la femme avait un vrai rôle de responsabilité) engueule copieusement un des ouvriers qui a pris du retard sur les travaux ; notre narrateur d'expliquer doucement que c'est ça, le problème, avec les hommes d'aujourd'hui, la vitesse, et le film d'enchainer sur le minutieux travail de dessin à la plume d'un autre artisan. Volontiers philosophe, le texte de Kiaro surprend par son ton, très éloigné de l'école du documentaire télévisé qu'on connaît : il importe que les mômes (le film est financé par "The institute for the Intellectual Development of Children and Young Adults") retirent quelque chose du film, c'est le mantra de Kiaro depuis ses premiers docu. En même temps qu'un bon tuto pour restaurer un palais persan, ils y trouveront donc matière à réflexion sur le temps qui fuit, le carpe diem et la nocivité de la vitesse. Le montage est fluide en diable, et laisse toute leur place aux gestes précis, aux savoir-faire hyper minutieux des ouvriers. Il y a un côté Alain Cavalier dans cet amour du travail manuel filmé comme un ballet délicat. Dans les dernières minutes, Kiaro, par de longs et beaux travellings avant et latéraux, se laisse aller à la simple admiration du travail terminé, avec ces enluminures magnifiques et ces lustres rutilants, ces portes dorées et ces meubles en... pilou-pilou, et c'est vrai que c'est beau un palais de Shah. Un dernier travelling arrière pour sortir du bâtiment (on se croirait chez Wiseman) et c'est plié. Un film simple et humain comme a toujours su en fabriquer le génie persan, on prend, et on repart pour une deuxième vision de la filmographie complète du maître.

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