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13 décembre 2022

Saint Maud de Rose Glass - 2019

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Je pense sincèrement, au vu des critiques dithyrambiques que ce film a drainées, que je suis passé à côté de Saint Maud. Je n'ai en effet pas vibré d'un pouce devant ces divagations mystiques bien usées depuis que Carrie a crucifié sa mère voilà 50 ans, depuis que Rosemary a enfanté un démon en voilà 55. C'est tout à la gloire de Rose Glass de vouloir rendre un hommage à ses glorieux aînés, tout en fabriquant un objet contemporain, mais la dame n'a pas leurs outils et finit par fabriquer un objet assez fumeux, sérieux comme un pape, malgré son incontestable talent à la mise en scène. Le scénario m'a franchement déstabilisé : Maud, une aide à domicile se voit confier le boulot de s'occuper d'une ancienne danseuse célèbre atteinte désormais d'un cancer. Fervente catholique, pratiquante jusqu'au délire mystique, Maud tente de transmettre à sa patiente son goût pour la prière. Mais celle-ci se montre bien rétive, et finit carrément par humilier la jeune fille et ses croyances, lors d'une scène particulièrement cruelle. A partir de là, Maud va peu à peu transformer sa ferveur en psychose. Le film a cette qualité de traiter le délire de Maud non comme une folie, mais comme le syndrome de son isolement au monde. Jamais bêtement anti-clérical ou critique envers les excès de son héroïne, il pose même la question de la vérité : Maud est-elle une allumée dangereuse, prosélyte jusqu'au délire, ou est-elle dans la vérité, contre les opinions de tout le monde ? De temps en temps, le film nous trouble vraiment, quand la jeune fille entend réellement la voix de Dieu, quand elle lévite véritablement, quand sa foi se transforme concrètement en violence magique ; parfois il nous remet dans les rails du concret, pointant sa folie et sa schizophrénie. Cet aller-retour fait de Maud un personnage très ambigu, mystérieux difficilement saisissable. Le jeu de Morfydd Clark, subtil et malin, lui donne une belle ampleur.

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Mais Rose Glass n'arrive pas à transformer ce trouble psychologique en vraie terreur. On reste dans la théorie, dans l'explication un brin fumeuse d'une déviance ; jamais le film ne parvient à transformer tout ça en effets efficaces ou intéressants. Rythme dans les baskets, imagerie un tantinet usé, musique pompière et illustrative, on plisse le nez et on attend d'avoir un petit frisson, qu'on ne trouvera jamais dans ce bel objet froid et intellectuel qui ne s'adresse jamais à vous tripes. Un concept transformé en film, pourquoi pas, mais encore eût-il fallu que Glass ait une vision à la mise en scène, c'est le b.a.-ba du réalisateur de film d'horreur.

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