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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
13 décembre 2022

Kalpana (1948) de Uday Shankar

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Voilà une bonne vieille tranche musicale (2h40 au compteur) de film indien, sauvé de l'usure et de l'oubli, une nouvelle fois, par l'ami Scorsese et sa fondation. Les amateurs de spectacle dansé devraient y trouver leur bonheur mais les amateurs de cinéma également tant cette fresque redouble d'effort au niveau de la diversité des numéros, des décors et des mouvements de caméra aériens... Au départ, il s'agit seulement du projet d'un film mettant en scène un jeune gamin turbulent qui, de fil en aiguille, va fonder sa compagnie puis organiser le premier grand festival artistique de son pays. Bien sûr, on verra à l'écran à la fois la vie, mais aussi les rêves, les fantasmes de ce danseur : de multiples spectacles sur scène au programme mais des spectacles qui dépassent rapidement la scène pour prendre place dans des décors immenses voire des décors naturels... On peut prendre également, au delà de cet aspect purement culturel et folklorique, un certain plaisir à suivre, en fil rouge, la vie de ce danseur prénommé Udayan : une enfance en marge où il ne trouve pas sa place, les années de formation, les premiers spectacles, la première tragédie (il se retrouve accusé d'un meurtre) et puis bien sûr les diverses amours du sieur - avec notamment sa dévouée et fidèle amie d'enfance, Uma. Le pinacle de sa vie sera bien sûr, grâce au chèque d'un généreux donateur, la création de ce centre culturel himalayesque (l'endroit a quelque chose de métaphorique, m'est avis) et de ce festival où toutes les cultures du pays se retrouvent représentées : la danse indienne dans tous ses états, cette danse du cou et du coude, avec yeux qui roulent et chevilles qui tapent (vous savez que je suis un spécialiste de la chose, mes amours indiennes n'ayant rien de bien secret...). Un sacré programme.

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La vie, mouvementée, d'un homme, d'un artiste, mais aussi bien sûr une foultitude de spectacles, de la mise en scène de la vie de Shiva, l'aspect traditionnel donc, à la mise en scène de sujets plus contemporains (le besoin d'investir dans le domaine agricole, la libération de la femme, etc...) ; l'un des tableaux sûrement le plus saisissant pourrait être ce tableau central qui met en scène des ouvriers exploités : dans des décors dignes de Métropolis (ces immenses roues crantées), des lumières obscures (Victor Hugo ?), et avec l'aide de figurants en transe, cette séquence virevoltante et engagée capte particulièrement l'attention ; certes, toute la dernière heure, avec ce festival, met en scène des chorégraphies de folie, mais avouons qu'avec tout ce bruit et cette fureur musicale, on finirait presque par saturer un peu - c'est un long feu d'artifice (ou de Bengale ?) auquel on assiste (oui, les danseuses sont particulièrement jolies mais cela fait-il tout ? Non bien sûr). Mais Kalpana, c'est aussi une œuvre qui n'envoie pas dire à d'autres ce qu'elle a à dénoncer : les bourgeois et les puissants en prennent pour leur grade (corruption, violence sexuelle, avarice...) et sont la cible du début à la fin de cette œuvre qui, derrière cette fresque et ces frasques, dénonce en file indienne ces excès et cet aveuglément de la société. Un pied dans l'histoire intime, un pied dans l'art, un pied dans le politique, voilà une œuvre roborative qui, malgré quelques petites longueurs tout de même, mérite amplement le coup d'oeil (roulé). Shankar nous ravit, en un sens ? Forcément.

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