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19 novembre 2022

Images de la Vie (Imitation of Life) (1934) de John M. Stahl

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Il se peut, et je m'en excuse à l'avance, que je choque les plus sensibles d'entre vous, mais, pour avoir vu les deux versions, celle de Stahl et celle de Sirk presque à la suite l'une de l'autre, il y a de cela une vingtaine d'années, j'avoue avoir alors éprouvé beaucoup plus de tendresse pour la première version (non point par snobisme anti-remake, je vous arrête tout de suite, étant un fan invétéré de Sirk). Bon, je n'ai plus vraiment en tête, là, la version de Sirk donc je vais couper court à toute comparaison... Le fait est, qu'à revoir le Stahl, je retrouve avec grand plaisir la fraîcheur d'une Claudette Colbert toujours pimpante (et ce malgré cette frange qui me fait horreur, Dieu sait), la vraie complicité qui s'instaure entre elle et Louise Beavers (rah, il y a bien une ou deux petites réflexions un peu condescendantes sur cette dévouée et un peu naïve mama black mais on ne va pas non plus refaire le film et l'époque, c'est un puits sans fond), ou encore, avec un vrai pincement au cœur cette fois-ci, la terrible tristesse qui se répand sur le film dans la dernière partie alors que tout ce petit monde avait tout pour être heureux. Pour faire simple, rappelons donc que Claudette, veuve avec une gamine, emploie Louise, en charge également d'une gamine (beaucoup plus claire de peau qu'elle, cela a son importance). Très vite, en piquant la recette de pancake de Louise, leur petite entreprise connaît un vif succès. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes même si deux trois petites ombres viennent à planer sur ces deux femmes... La gamine de Louise, déjà lorsqu'elle était jeune mais encore plus en vieillissant, a un peu honte de cette mère black qu'elle ne parvient pas à totalement assumer... Lors d'une scène terrible en public, elle va jusqu'à la nier, la renier... Ensuite, plus trivial si j'ose dire, le petit imbroglio inattendu qui se noue entre Claudette et sa fille : Claudette a un chevalier servant (Warren William le profil craché de mon grand-père, le Guy, s'il avait été jeune une fois dans sa vie) et ne le présente pas comme tel à sa fille pour qu'elle se fasse une idée par elle-même... Bingo, la fille tombe amoureuse de mon grand-père qui se retrouve le nez (qu'il a grand) un peu dans la rivière... Bref, des contre-temps qui vont jeter sur cette jolie petite famille recomposée un peu de drame domestique...

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Il y a dans cette petite bombe des thirties très rythmée, dans cette mise en scène très vivace (rappelez-moi, la prochaine fois que je vois Gols, de lui rappeler ce qu'est une mise en scène réussie - je crois qu'il confond avec le montage (rires penauds)), des personnages pleins de peps, la Claudette en tête (on prenait de la coke facilement à l'époque ?), plein de sincérité et de sourires enjoués (notre Louise, bonne pâte pour le coup), plein de romantisme surannée (mon grand-père... et dire qu'il passa les vingts dernières années de sa vie à pêcher des carpes et à tuer du lièvre, sans jamais embrasser une fois ma grand-mère, le goujat, quelle chute !), plein d'humour (le second couteau Elmer, gai comme un croque-mort mais avec toujours la petite répartie qui tue), plein de jeunesse pure (Rochelle Hudson, vivace la gamine, la fille de Claudette). On est là dans des rapports humains qui suintent la bonne humeur, the joie de vivre , jusqu'à ce que boom, comme une pluie soudaine qui s'abat (comme dans la scène de l'école d'ailleurs), la petite machine se dérègle, déraille... Une fille prise dans le communautarisme forcené de son époque qui part en vrille, une amourette idiote et aveugle qui naît et nos deux mères pourtant si prévenantes, si couveuses, si pleines d'attention pour leur progéniture, de voir leur regard se voiler... C'est soudain, comme un coup de trique sur la nuque, et on se retrouve tout pantois dans les drames (grands ou petits) qui s'ensuivent... Comme des images de la vie qui se froissent, se déchirent à cause d'un simple coup de vent. Bien beau film du gars Stahl qui ne pâlit toujours point du remake de Sirk (forcément réussi, hein, quand même, c'est le Douglas...).

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