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16 novembre 2022

Malcolm X (1992) de Spike Lee

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Aaaah, il en faut du courage pour se ré-attaquer à ce biopic du gars Malcolm qui dure la bagattelle de 3h20... Certes, me direz-vous, c'est quand même le sieur Spike Lee aux commandes... Mouais, mais un Spike Lee, malgré le côté brûlant de son sujet, déjà un peu mou du genou à peine un an après le pourtant pêchu Jungle Fever... Trop de sous, trop de moyens ? On ne va pas pleurer quant au fait qu'un grand studio accepte un tel projet avec un personnage pour le moins provocateur, hors-norme... Seulement voilà, le gars Lee se lâche au niveau de la reconstitution, des figurants, des mouvements amples de caméra à tout va... Mais le feeling, il est passé où ? Un peu au vestiaire... Je ne dis pas que certains discours de Malcolm, pleins de verve, n'envoient pas quelques scuds contre l'Amérique, contre nos amis les Blancs et cette civilisation de la violence contre laquelle il serait de bon ton que la communauté black s'arme... J'avais notamment oublié ce petit laïus du Malcolm au moment de la mort de Kennedy qui détonne un brin/brun (un juste effet boomerang, que cette mort violente, qui le laisse froid... et qui lui procurera quelques ennuis personnels au sein de son mouvement, the Nation of Islam). On apprécie ces mots, ce rythme, ce phrasé et ce d'autant que l'ami Denzel Washington n'est pas en reste pour reproduire cette diction qui sait faire mouche à chaque phrase... Mais disons, que, pour le reste, on demeure légèrement en dedans devant cette mise en images un peu trop soignée et un peu lancinante de ce leader afro-américain si charismatique...

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Le générique, pourtant, envoyait du paté : un discours du gars X frontal, des images saignantes (le récent tabassage d'un noir par des flics sans vergogne), un drapeau américain en feu qui prend la forme de ce X... On sent qu'on n'est pas vraiment là pour rigoler... Malheureusement, on tombe vite dans "les grandes pages de l'Histoire de..." (ses amourettes, ses conneries, la prison, l'appel religieux, ses discours et ses prises de position à la Nation de l'Islam, ses amours, son pélerinage à la Mecque, ses emmerdes...) et l'on tourne à chaque demi heure un peu lourdement ces différentes pages de cet album vintage (avec certes une bande-son vitaminée mais qui masque un peu trop souvent le vide) sans avoir particulièrement l'impression de mieux comprendre en profondeur le personnage, ses convictions profondes... C'est un peu là que le bât blesse... J'avais, en son temps (aaah la fac d'anglais... hum... et ce prof enflammé par Malcolm, écumant (littéralement) pendant ses cours et qui mourut l'année suivante...) relativement apprécié le bouquin d'Alex Haley retraçant la vie de ce grand homme (dont le film est une adaptation) en ayant l'impression (mais c'est un vague souvenir) de percer un peu du mystère de ce combattant convaincu, de cet être plein de fougue... Là, las, on peine à vraiment se passionner par ces petites intrigues de cours au sein de la Nation, par cette surveillance, discrètement évoquée, de la CIA, par cette histoire d'amour un peu mièvre... Malgré quelques petits coups d'éclat (Malcolm poursuivi par des gangsters dans sa prime jeunesse, son exécution brutale...), on ne retrouve ni dans la mise en scène de Lee, ni dans ce personnage, toute la "nervosité" qu'on était en droit d'attendre du Lee ou du X... On eût aimé pour le coup un Spike un peu moins attaché aux costumes et un peu plus au portrait à fleur de peau de notre homme. Je ne dirais pas qu'on ressort totalement exsangue de la chose, mais simplement guère convaincu par cette "association politico-artistique" qu'on attendait résolument plus explosive.

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