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12 novembre 2022

Black Phone de Scott Derrickson - 2022

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Films d'Halloween chapitre 2. C'est toujours difficile, pour nos réalisateurs soucieux de faire du film d'horreur en 2022, de concilier leur goût pour la peur et le gore et de satisfaire en même temps un grand public, notamment d'adolescents bouffeurs de pop-corns et contemplateur de leurs portables toutes les 2 minutes. On est plutôt du côté de Derrickson a priori : le gars a le mérite d'essayer, et nous offre un film parfois relativement inventif au niveau de la mise en scène. Mais une nouvelle fois empêtré dans son souci de box-office, il émousse chacun de ses effets, et n'arrive qu'à produire un énième film inoffensif là où on aurait pu attendre du soufre, du gore, du malsain comme on aime. Le film repose sur une thématique délicate : l'enlèvement d'enfants. Dans une petite ville tranquille, une série de jeunes garçons sont enlevés par un mystérieux homme masqué, et notre héros du jour (campé par le compétent Mason Thames) va lui-même se retrouver enfermé dans la cave du monstre. Pédophilie ? sadisme ? expérimentations diverses et variées ? traumas à compenser ? Rien de tout ça, et un peu de tout ça à la fois : les motivations du psychopathe restent mystérieuses, mais on sent que l'espérance de vie de notre adolescent s'amenuise. Heureusement, dans sa cellule est disposé un téléphone, certes débranché, mais qui sonne quand même et grâce auquel il va pouvoir créer le contact avec les anciennes victimes de l'agresseur. Aidé par ces adolescents morts, notre Finney parviendra-t-il à s'extraire des griffes de son agresseur et à recouvrer sa liberté ? C'est le principal challenge, mais Derrickson, porté sur le symbolisme, lui en adjoint un autre, plus larvé : Finney, à travers cette épreuve initiatique est appelé à s'émanciper, à devenir réellement qui il est et à passer par-dessus sa timidité maladive, et peut-être reconnaître enfin son homosexualité. Comme si toute cette histoire n'était qu'un rite initiatique et n'existait que dans la tête du petit bonhomme.

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Je confirme : c'est ambitieux, et de temps en temps Derrickson a les moyens de ses ambitions. D'une part parce que doté d'une réelle personnalité, il a compris que le jump-scare n'était pas forcément le but ultime de l'horreur. Le film, joliment écrit, privilégie plutôt une angoisse sourde, un suspense qui monte peu à peu, et surtout une tristesse infinie. Les personnages, fouillés, ne se contentent pas de servir de chair à canon, et l'écriture fait apparaître en eux (et y compris dans le tueur, pourtant très symbolique, presque inconsistant, réduit aux deux seuls expressions de son masque) une certaine profondeur, une certaine complexité. On apprécie de trouver un peu d'intelligence et de subtilité dans un film d'horreur, et si notre gars se montre bien moins convaincant dans l'angoisse, on remarque son sens de la psychologie et sa grande mélancolie. Malheureusement, cet aspect original est gommé par une absence compète de feeling sur la peur en elle-même : les effets sont fades, les moments de tension sont à zéro. Là où un tel scénario pouvait aboutir à un univers vraiment glauque et poisseux, Derrickson met ses doigts devant ses yeux et évite tout débordement malsain. C'est dommage : il y a avait là l'occasion de marier les hantises de Stephen King (monstruosité des petites villes de banlieue, horreur du quotidien, enfance saccagée) et le slasher pur à la Massacre à la Tronçonneuse. Prometteur, pas complètement réussi.

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Universal Pictures France édite ce film en Blu-Ray et DVD le 26 octobre, ainsi qu'en VOD et Achat digital (le site Internet de l'éditeur, son Facebook et son Twitter) Et Cinetrafic possède une fiche passionnnate sur le film : https://www.cinetrafic.fr/film/62411/black-phone
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