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10 novembre 2022

The Owners (Ukkili kamshat) d'Adilkhan Yerzhanov - 2014

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On retrouve toujours avec plaisir la malice et le sens du "drame comique" du réalisateur kazakh, qui marche ici plus que jamais sur les traces de Jacques Tati et de Kaurismäki. Malgré ces références, le bougre a une façon bien à lui de mélanger une sorte de poésie absurde aux tragédies subies par ses personnages, et si on peut trouver qu'il y va un peu fort dans le décalage à tout prix dans The Owners, on ne peut qu'apprécier cet humour étrange, ce mélange acrobatique entre violence et comique désabusé. Ici, ce sont trois petits personnages, frères et soeurs, qui décident, à la sortie de prison de l'aîné, de s'installer dans la maison maternelle. Mais à leur arrivée, ils trouvent la bicoque squattée par une famille bien décidée à rester là. Manque de bol : les occupants illégaux sont liés à la police locale, peu préoccupée de justice. Notre trio va essuyer toutes les avanies de l'expropriation, de l’humiliation, des sévices corporels, de l'intimidation, et enfin du deuil pur et simple, pour essayer de récupérer son bien. C'est bien entendu à un portrait à charge de la société kazakhe que se livre le film : corrompues, bêtes à manger du foin, impitoyables et procédurières, la police et la justice du pays représentent un mur sur lequel vient se briser notre petite famille pourtant dans son droit. Ce qui bluffe ici, c'est l'opposition entre la dureté de ce qui nous est raconté et la poésie légère avec laquelle c'est montré. Un vieux mafieux qui est fan de danse et qui ne peut s'empêcher de gigoter jusqu'aux enterrements, une scène de Cène (...) reconstituée simplement pour le plaisir des yeux, un anniversaire au poste de police avec cotillons et chapeaux pointus, Yerzhanov se permet tout, mauvais goût y compris. A force, on fatigue un peu, mais on ne peut qu'admirer le sens du cadrage impeccable du compère, qui remplit son écran de mille petits détails drolatiques, certains disposés d’ailleurs tout au fond de l'écran. On se marre pas mal devant les inventions formelles très surréalistes, on pleure pas mal devant cette histoire qui aurait pu donner un grand mélodrame chez n'importe qui d'autre, et ce constant équilibre entre les deux genres opposés fonctionne à merveille. Bon, c'est un peu bordélique, et on sent un cinéaste gourmand de tout essayer et ayant du mal à faire le tri entre bonne idée et fadaises. Mais rien que pour l'essai, on aime bien, allez.

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