Infernal Affairs III (Mou gaan dou III: Jung gik mou gaan) (2003) de Andrew Lau & Alan Mak

Un troisième tome en apothéose ? Reconnaissons aux deux cinéastes de ne pas ménager leur peine au niveau originalité en tentant de nous amener cette fois-ci sur le sentier (battu et exigeant) du thriller psychologique... Le résulat n'est cependant pas franchement à la hauteur - à force de vouloir brouiller les pistes, de vouloir faire dans le "psychologisant trouble", on perd en route et le spectateur et le côté piquant de cette intrigue. Jouant sur deux époques, (après la mort de Tony Leung et quelques mois avant), on s'intéresse d'une part à d'autres personnages difficiles à cerner de prime abord (dont un chef de la sécurité aux méthodes pour le moins discutables) et, d'autre part,on tente de définir le caractère, un peu plus en profondeur, de nos deux caractères principaux - en particulier celui d'Andy Lau. Ce dernier, qui se rapproche l'ancienne compagne de Tony Leung, psy de son état, va avoir une petite tendance à s'épancher et à dévoiler une personnalité prise dans une sorte d'étau destructeur, pour ne pas dire à la limite de la parano et de la bipolarité... Ce nouvel angle pouvait être intéressant en soi, comme une sorte de plongée dans les enfers de cette personnalité, mais la démonstration est lourde, pas franchement fun, longuette... On savait que le type devait avoir le soir quelques problèmes à se regarder dans le miroir, on savait que le gars était parfois un peu perdu au niveau de sa morale, était-ce bien la peine d'enfoncer le clou à ce point ? Cela ralentit l'action et ne permet guère, au final, de donner un portrait particulièrement finaud de notre homme...

Quant à l'intrigue en elle-même, qui est bon, qui méchant, qui est bon-méchant, qui est méchant-bon, qui cache des secrets inavouables, qui cachait son jeu, etc...? On s'en fout, non ? A force de vouloir trop compliquer leur affaire, Lau et Mak se prennent un peu les pieds dans les tapis : ils étaient excellent dans la série B bien menée (et le second épisode, tout en diluant un peu son action, avait su montrer des qualités honorables), quand ils se prennent pour des génies, on sent qu'ils pédalent un peu dans la semoule. Trop ambitieux, trop alambiqué, difficile à dire, le fait est qu'on se fout un peu de ce denouement aux multiples rebondissements où on finit par ne plus trop en avoir à carrer du caractère machiavélique d'untel ou angélique d'untel bis ou trompeur d'untel ter... Les belles lignes claires du premier épisodes sont ici quelque peu ruinées et cette surenchère de "personnages sur le fil du rasoir" finit bel et bien par nous raser. Dommage, on eût aimé finir sur une bonne note... mais cela n'enlève rien, bien sûrn à l'intérêt primordial du premier épisode et à la bonne tenue du second.