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26 octobre 2022

Sound of Metal (2019) de Darius Marder

Vous êtes batteur, vous frappez comme un sourd et devinez quoi ? Vous le devenez. Sur cette base de travail subtile imaginée par Cianfrance, les Marder brothers vont nous écrire un film tout en abnégation, en rêve brisé et en retour sur terre forcé. Soit donc le gars Ruben, notre batteur, qui file dans son mini-van le parfait amour avec une chanteuse hurlante mais vaillante. On devine que leur passé n'a pas toujours été rose (ce qui sera confirmé par la suite : l'héro chez l'un, les scarifications sur le bras chez l'autre) mais qu'ils se donnent dorénavant à plein tube avec leur musique de dégénéré qui exploserait la tête d'un Bruno Lemaire, par exemple (c'est pour donner une image, juste). Elle hurle, il frappe, c'est le bonheur des temps modernes. Seulement voilà, eh oui, eh ouïe même, eh ouille donc, l'oreille de notre Ruben explose en plein vol. Un spécialiste est consulté, il n'y voit pas beau... Il y aurait bien la possibilité, coûteuse, de prothèses auditives mais le plus urgent semble, pour l'ami Ruben, d'apprendre à gérer ce handicap... Il atterrit, un peu malgré lui, dans un centre de réhabilitation, sans sa meuf, sans son van, sans son portable : il doit apprendre le langage des signes, à vivre dans cette communauté de sourds, avec des écoliers sourds... Il y va en reculant, fait des efforts, s'acclimate un brin, mais garde sa petite idée en tête : faire l'acquisition de prothèses, retrouver sa gonze et reprendre les tournées... Mais rien n'est moins soûrd - si j'osais.

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On est dans du film linéaire, relativement prévisible (l'idylle, la colère face à ce coup du sort, l'apprentissage pour faire face à son handicap, le rêve de revenir à la vie d'avant - mais...) qui a au moins le courage d'évoquer un sujet assez original et difficile d'abord : la surdité (quoi de moins passionnant que des dialogues de sourds ? C'est ce que j'entendais par là). D'autant qu'au début, forcément, l'ami Ruben reste un peu sourd (c'était inévitable) aux divers conseils qu'on lui donne : l'essentiel, pour lui, dorénavant, qu'on lui explique avec force gestes c'est d'apprendre à vivre avec son handicap et avec ceux qui partagent son infortune, d'envisager la vie différemment. Il est réticent, s'y plie petit à petit, fait de belles rencontres parmi les profs ou les gamins (blablabla - sortez les violons, ah ben non, personne ne peut les entendre) mais ne parvient pas encore à s'accepter totalement ainsi... Il tentera l'opération, partira retrouver sa belle (dont le père est incarné par un Amalric en très très mauvaise forme, en pleine décrépitude, tout pensif) et on voit venir le final de très loin (on n'est pas aveugle, non, pas ici). Ouarrrf, ça commençait sur un ton un peu trash, trashouille voire, mais le film rentre très vite dans les cases et dans des petits codes tout mignonnets - l'acceptation de soi, le rebelle qui doit se faire lucide, prout. Ça sent le film bien pensant de festival, à Oscars même (je vérifie... bingo, il en a eu deux, tiens donc !... dont "meilleur son", c'est vache...) mais cela n'est au final guère plus passionnant ou nécessaire qu'un batteur sans fouet. Un effort sympa qui ne casse pas trop les tympans, à tout prendre.

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