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Shangols
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25 octobre 2022

Un nommé La Rocca de Jean Becker - 1961

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Grande entrée de Becker junior sur Shangols, et on commencera par son premier film, admirez la logique. Un nommé La Rocca est un petit polar qui avance franchement sur 3 pattes, trop soumis aux lois de ses ancêtres (et notamment papa et son Trou), et ratant le coche de la modernité malgré la présence en tête d'affiche du fringant Belmondo, encore marqué "Nouvelle Vague" à l'époque. Celui-ci campe un truand affreusement costumé, de retour après une mise au vert pour retrouver son poteau qui se trouve sous les verrous. C'est la première partie, la plus polardeuse : Bébel, mâchoire serrée, flingue du gars patibulaire, couche avec des beautés et prend le contrôle des gangs du milieu afin de s'approcher de son pote. Curieusement atone, peut-être sur les traces de Delon, l'acteur est très mal à l'aise dans le rôle ; et d'autre part la mise en scène très très mollassonne de Becker ne l'aide pas. Antique, ce début de film assez catastrophique semble être une copie de tous ces films de gangsters glamour des années 50 ; mais il y manque justement le glamour, le suspense, le fun. Tous les acteurs sont comme freinés par une trop grande froideur de l’ensemble, et Becker ne trouve pas le ton juste pour décrire le milieu.

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La deuxième partie est un poil meilleure, avec cette description assez rigoureuse de la prison et des brimades qu'elle déclenche. Bandits et surveillants se confondent allègrement dans les couloirs suintants des cachots, on ne sait plus trop qui est qui, et on irait même jusqu'à dire que les hors-la-loi sont plus sympa que les flics. Ceux-ci sont représentés par une tronche de cake parfaitement immonde, veule et sadique, le salaud parfait, qui s'amuse à torturer les prisonniers. Heureusement notre Bébel a de la ressource, et va rivaliser de ruse pour prendre contact avec son copain. C'est cousu de fil blanc, le suspense est dans les chaussettes, le rythme toujours un peu plan-plan, mais au moins, entre les quatre murs du pénitencier, la mise en scène rigoriste et froide de Becker trouve un écrin plus à son image, et donne quelques belles séquences de silence, d'attente, quelques beaux plans sur les gestes furtifs des prisonniers qui fomentent leur coup.

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La troisième partie est la meilleure, et on sent bien que c'est pour elle que Becker et toute son équipe ont accepté de faire ce film. Nous voici à ciel ouvert, dans un champ semé de mines, et notre ami est chargé avec quelques pauvres hères de les désamorcer pour obtenir une remise de peine. On abandonne presque tout dialogue pour rester concentré sur l'éventuel petit geste qui va tout faire sauter, sur l'absurdité d'un taf qui s'apparente à la roulette russe, sur cette ambiance désespérée qu'on pourrait trouver chez un Italo Calvino ou un Ismael Kadaré des grands jours. Enfin Becker se sort les doigts pour créer de beaux cadres généraux alternant avec une belle fluidité de montage sur des gros plans anxiogènes du plus bel effet. Il y a bien longtemps qu'on n'en a plus grand chose à faire de l'histoire, on se concentre donc sur l'abstraction de ces cadres, et l’œil est bien satisfait. Une conclusion convenue, et hop terminé, on quitte ce film sans grand regret, dubitatifs devant ces acteurs mal dirigés, ce scénario académique et cette mise en scène molle... qui ne fonctionne que sur 20 minutes.

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