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25 septembre 2022

Accusé, levez-vous (Life for Ruth) (1962) de Basil Dearden

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Ça faisait un bail que j'avais fait pas un petit tour chez le Basil : comme j'en avais justement deux sous le coude, des films de Dearden, je me suis permis. Et j'ai bien fait car une fois de plus le bougre trouve un angle intéressant sur une thématique pas vraiment bandante à première vue ; il est ici question d'un couple qui, alors même que leur fille a été blessée lors d'un accident en bateau, doit donner l'autorisation de pratiquer une transfusion sanguine. C'est une question de vie ou de mort et on se dit qu'il n'y a pas photo... Mais le type, buté, au nom de ses convictions religieuses (cela priverait d'après lui la bambine d'avoir une vie éternelle...), refuse. Sa femme, sceptique, le suit, au moins dans un premier temps. Il devrait de toute façon, il en est persuadé, se produire un miracle : sa gamine, par la grâce de Dieu, devrait forcément s'en sortir - le père a en plus sauvé lors du naufrage de la barque un autre gamin de la noyade : le retour de karma devrait s'imposer, non ? Le miracle, puisque c'est de lui qu'il s'agit que dalle, ne survient point, et la gamine meurt, laissant le père et la mère groggy, comme deux glands... La descente aux enfers ne s'arrête pas là puisque l'un des jeunes docteurs de l'hôpital, qui les avait suppliés de donner leur autorisation, attaque le père en justice... Pour que plus jamais cela ne se reproduise... Chacun campe sur ses positions, à la justice maintenant de trancher...

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Ce qui est toujours intéressant chez Darden c'est cette capacité, d'une part, de naviguer d'un monde l'autre (de l'intérieur d'une petite famille moyenne aux terrains de golf des nantis en passant par les intérieurs des hommes de religion et leur sobre chapelle), de rencontrer en cours de route différents milieux, différentes professions (les religieux et les hommes de loi se taillant ici la part du lion). Mais ce qui, d'autre part, est sans doute le plus passionnant ici c'est surtout de voir des personnages qui, malgré leur tempérament fort, malgré leurs idées, leurs idéaux ne sont jamais forcément complétement figés dans leur réaction, leur jugement. Si la mère est horrifiée par le comportement de son mari (elle a demandé aux docteurs, dans un second temps, de faire cette transfusion... trop tard), et le quitte, si le docteur est dégoûté par ce qu'il considère être un véritable assassinat et attaque en justice, si le père continue coûte que coûte même après la mort de sa fille de se réfugier dans ses croyances, rien n'est définitvement figé... On voit notamment, la mère, toujours amoureuse de son mari, se rapprocher progressivement de lui ; puis viendra l'heure du procès et si l'on est persuadé que les dés sont jetés d'avance, on sera surpris plus d'une fois qu'à son tour par la réaction d'untel ou untel à la fin du procès... Sur un sujet ardu (conviction religieuse vs droit de vie (et de mort) sur des enfants...), Dearden signe encore un film d'une belle intelligence, donnant sa chance à chacun, et porté par deux acteurs (Michael Craig et Patrick McGoohan en tête) campant avec beaucoup de conviction leur personnage respectif. On se lève tous pour Dearden.

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Commentaires
S
Oui Dearden is my weakness, my Achille's heel - I admit et fais pénitence Mitch II
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Q
Pour des pourfendeurs du cinéma anglais (de mémoire, je cite des phrases du genre "le cinéma anglais n'existe pas", ou bien "Y a t-il pire qu'un réalisateur anglais?", et toute cette sorte de choses qui nous avaient valu, il y a quelque temps, des débats assez vifs sur ce site même), bref, pour des nihilistes des productions de sa Majesté, vous en voyez moult paquets, dites donc ! <br /> <br /> Et, visiblement, avec un plaisir certain si on en juge par toutes ces chroniques ravies... <br /> <br /> Vous êtes drôles.
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